Miimosa, plate-forme de financement participatif dédié au monde agricole a été lancé en novembre 2014. Son fondateur unique, Florian Breton, petit-fils d’agriculteurs, a fait partie de la première promotion de la pépinière d’entreprise du Crédit agricole (Village by CA).
Entraid: Quelle est la ligne défendue par la plate-forme?
Sophie Cucheval: Le fondateur de la plate-forme est parti de l’idée que notre agriculture était fragilisée. L’agriculture, en 2014, profitait peu de l’essor du financement participatif avec 0,6% des projets. L’engouement pour la consommation locale et responsable doit permettre au secteur agricole de s’emparer de cet outil.
Nous accompagnons une agriculture locale, durable et à taille humaine, sans clivages. Nous travaillons avec tous les écosystèmes agricoles. Nos partenariats avec les chambres d’agriculture et le réseau Jeunes Agriculteurs ont été construits avec l’idée qu’ils nous redirigent des projets de financements participatifs sur la plate-forme.
L’objectif de Miimosa est de reconnecter agriculteurs et consommateurs. Les filières longues n’en sont pas exclues, mais il est plus difficile pour elles de définir des contreparties alléchantes.
Entraid: Quels sont les principaux critères auxquels doivent répondre les porteurs des projets?
Sophie Cucheval: N’importe qui peut nous contacter à partir du moment où le projet à financer est agricole ou alimentaire et qu’il se situe en France métropolitaine ou dans les Dom-Tom. Nous avons soutenu trois projets en Guadeloupe.
Il peut s’agir d’installation, d’agrandissement ou de diversification. Pour nous, le porteur de projet est prêt quand son projet est clair et qu’il peut nous donner des gages de réussite.
Il doit être disponible pour la levée de fonds et la communication. Ça n’est pas le moment pour partir en vacances ou avoir des impératifs professionnels: il faut pouvoir répondre à la presse locale et à nos équipes en interne.
Entraid: Proposez-vous un accompagnement à la mise en ligne du projet (communication, aide à la rédaction, etc.)?
SC: Notre public n’est pas forcément branché «crowdfunding». Nous les accompagnons de façon permanente sur la mise en ligne de vidéos et de photos et tout au long de la levée de fonds. Nous sommes particulièrement présents quand la collecte s’essouffle pour aider le porteur de projet à relancer la campagne. Nous avons des projets sur toute la France. Les échanges se font par téléphone et par mail.
Entraid: Quelle est la valeur moyenne d’un don?
SC: Les donateurs donnent en moyenne 100€ et sont issus à 70% du territoire du porteur de projet. Il s’agit davantage de «love money» pour les proches et d’une envie de participer à l’économie locale. Par ailleurs, les contreparties étant souvent alimentaires, mieux vaut ne pas être trop éloigné. La collecte moyenne est de 6.500€ par projet. On va de 1.000 à 50.000€. Notre plus grosse collecte était de 35.000€. Certaines associations dépassent largement leurs objectifs de départ.
Entraid: Comment se rémunère votre plate-forme? Quelle est son aura sur le web et les réseaux sociaux?
SC: Nous pratiquons une commission de 10 à 6,7% sur le montant de la collecte. Elle est dégressive en fonction de l’atteinte des objectifs. Plus la collecte monte, moins notre commission est importante.
Nous sommes une plate-forme spécialisée et nous avons aujourd’hui 25.000 comptes de donateurs pour 80.000 visites par mois sur Miimosa. Nous avons une audience engagée avec des multi-donateurs à l’affût de certains projets.
Notre équipe est composée de 14 personnes, salariées et stagiaires et nous avons nos propres locaux à Paris près de Belleville.
Entraid: Pour vous, c’est quoi un «bon» projet?
SC: La commercialisation en circuit court via un restaurant, une auberge ou un magazine à la ferme a une longueur d’avance. Le porteur de projet doit également avoir un premier cercle de contributeurs prêts à donner au lancement de la campagne et il ne doit pas hésiter à le mobiliser. L’idéal est d’avoir une page facebook déjà active avec des followers prêts à diffuser l’objet de la campagne et le lien vers Miimosa.
Que le projet soit innovant ou pas, on s’en fiche. En revanche il faut avoir des contreparties sympas avec de belles photos. Il faut également axer la description du projet sur l’humain. Il faut également se sentir en mesure de parler de soi, cela permet aux donateurs de s’identifier. Enfin, il est indispensable d’être transparent sur l’utilisation des fonds, en mettant en ligne le devis.
Pendant la levée de fonds, il faudra ensuite faire le buzz et savoir saisir l’opportunité de développer un projet commercial. Les donateurs sont de futurs clients à même de faire de la pub sur le produit. Le bouche à oreille est essentiel dans les circuits courts.
Repères - Les partenaires de Miimosa: Crédit agricole, chambres d’agriculture, Jeunes Agriculteurs, réseau Bienvenue à la ferme, Sollaal - 350projets accompagnés depuis le lancement de la plate-forme pour 1,7 million d’€ de dons collectés - Taux de succès : 79% |
Retrouvez les interviews des autres responsables de plateformes de crowdfunding investies dans le monde agricole:
Artisans, commerçants, agriculteurs: BulbInTown, la plateforme du « faire local »
KissKissBankBank et ses « mentors »
Bluebees: « nous sommes là pour les paysans »
ainsi que tous les compléments à notre dossier de novembre 2016: « Crowdfunding, ça décolle! »