=> campagne de financement clôturée le 30 juin sur Fundovino: voir le projet.
La banque m’aurait dit non », présume Xavier Moissenet, vigneron du domaine «Les Champs de Thémis» à Bouzeron en Saône-et-Loire. Jeune installé hors cadre familial – son premier millésime remonte à 2014 – Xavier supporte un endettement important : 140 000€ d’emprunt sans l’achat du foncier. L’amélioration du stockage ne faisait donc pas partie des priorités à si courte échéance.
Mais l’an dernier, quand les négociants sont venus goûter le vin en vrac stocké dans ses vieilles cuves en fibre, «ça a été la cata», se souvient-il. Difficile de savoir si le vin a mal géré la cuve ou inversement, mais Xavier est persuadé que le problème venait des cuves. L’ancien magistrat a tranché: il fallait les remplacer par des cuves plus récentes en inox. A raison d’une centaine d’euros par hectolitre, il lui fallait donc débourser 6756 € TTC pour acquérir une cuve de 20 hl et une autre de 40 hl.
Faire financer l’investissement par un cercle de donateurs en leur proposant des contreparties en bouteilles, l’idée était plaisante d’autant qu’elle lui permettait de garder de la trésorerie. Le vendeur de matériel était sceptique. Il est désormais convaincu. Au printemps 2016, Xavier décide de monter sa campagne de «crowdfunding» sur Fundovino. C’est par un ami bordelais qu’il a entendu parler de cette plateforme de financement participatif dédié à la vigne et au vin. Pour lui, pas question de passer par une autre, celle-ci ciblait déjà son public: celui des amateurs.
Effet boule de neige
«Je m’étais donné deux mois pour atteindre mes objectifs et finalement 1 mois et demi aura suffi», se réjouit-il. Xavier a la chance de «disposer d’un gros réseau composé de la famille, d’amis et de clients». Il lui a suffi de l’activer pour que les dons soient au rendez-vous. Côté communication, son parcours singulier d’ancien substitut du procureur au tribunal de Chalon-sur-Saône reconverti en vigneron bio lui avait valu la venue d’une journaliste, qui s’est occupée des illustrations et de la vidéo de présentation sur le site. En dehors du temps passé, sa campagne ne lui a donc rien coûté.
Voir la page Facebook du domaine
Pendant les deux mois dédiés à la levée de fonds, Xavier a mouillé la chemise : mailing, réseaux sociaux, articles de presse… «Il faut montrer aux gens qu’on joue le jeu», considère le vigneron. La plateforme lui avait d’ailleurs bien expliqué qu’il était le seul à avoir les cartes en main. «Et effectivement, dès que je relançais mon réseau, une nouvelle vague de dons arrivait», observe-t-il. Des gens qu’ils ne connaissaient pas ont spontanément donné de l’argent, ils sont des amis d’amis ou des amis de clients. Le «crowdfunding» s’avère donc également une bonne opération commerciale. Sur la centaine de contributeurs, le premier cercle représente 60% de la somme finale.
Définir les contreparties
Le tickets d’entrée démarraient à 15 €, puis venaient ensuite les paliers intermédiaires: 45€ et plus, 100€ et plus, 200€ et plus. Pour chacun d’entre eux, Xavier avait imaginé des contreparties en bouteilles tout en veillant à ce «qu’elles ne [lui] coûtent pas plus chères qu’un crédit à la banque». Pour les deux derniers paliers (500€ et plus et 1000€ et plus), Xavier offrait un voyage en montgolfière et un dîner pour deux dans un restaurant trois étoiles de la région… Mais il n’a pas eu à débourser, puisque les plus gros dons ont tourné autour de 200€ avec une médiane à 45€.
Sa campagne de crowdfunding s’est terminée le 30 juin 2016. Sur les 7986 € collectés, la plateforme a pris une commission de 8% (environ 640 €), et le 5 juillet, Xavier disposait du reste de l’argent sur son compte. Un mois après, ses belles cuves neuves arrivaient Rue des Dames à Bouzeron. Une affaire rondement menée.