La crise laitière est sévère en France. Mais pas seulement ! Elle frappe durement aussi les autres pays européens avec des prix du lait en Irlande, en Allemagne ou aux Pays-Bas, encore plus bas qu’en France : de 35 à 50 €/1000 l en moins ! L’Europe a adopté différentes mesures exceptionnelles : aides au stockage, doublement des plafonds d’intervention, aides ciblées… Mais selon les pays, d’autres dispositions ont été prises pour limiter la casse dans les rangs des producteurs. Mélanie Richard de l’Institut de l’Elevage a présenté au Space certaines de ces initiatives.
Rétrocessions par les consommateurs via les distributeurs
Quelques-unes qui émanent des opérateurs d’aval visent à soutenir les éleveurs par le biais des consommateurs. Il peut s’agir d‘une mise en avant de l’origine locale (logo, campagne de publicité), d’une re-nationalisation d’une partie des approvisionnements correspondant à des marques de distributeur, d’une augmentation des prix au détail ou des prix d’achat auprès des fournisseurs avec, dans certains cas, une information donnée au consommateur sur le montant de la rétrocession dont bénéficie l’éleveur. Exemple : les supermarchés suédois Axfood ont augmenté de 10 centimes le litre de lait sous marque distributeur, qui sont ensuite rétrocédés aux éleveurs.
Prix garantis par les transformateurs
En parallèle, certains transformateurs ont lancé des démarches pour réguler les volumes avec un développement de systèmes de prix différenciés sur le modèle des coopératives françaises. C’est le cas de l’entreprise laitière britannique Dairy Crest. Citons aussi les contrats à prix indexé garantissant une marge à l’éleveur, qui ont été mis en place avant la crise. Ce type de contrat s’est généralisé en Irlande. Ils sont souscrits sur une durée de 18 à 36 mois à prix fixe pour 5 à 20% de la collecte.
Facilité d’accès au crédit
En Irlande toujours, pour pallier aux difficultés d’accès au crédit, une collaboration public/privé s’est mise en place entre entreprise laitière, banque et Etat. Originalité : les remboursements prennent en compte la saisonnalité et sont systématiquement ajustés selon la conjoncture. Exemple : si pendant 3 mois consécutifs, les prix du lait sont supérieurs à 340 €/1000 l, la mensualité sera augmentée de 25%. A l’inverse, si le prix descend en-dessous de 280 €, la mensualité est réduite de 50% et si le prix dégringole à moins de 260, le remboursement est carrément suspendu.
Implication des états
Pratiquement tous les pays se sont mobilisés pour octroyer des aides à leurs exploitations laitières ou procéder à des exemptions de cotisations sociales, allègement fiscaux, moratoires sur les prêts, … Quelques-uns ont pris aussi des mesures pour développer l’exportation et la consommation.
Cependant, si la solidarité avec les éleveurs laitiers en difficulté est bien légitime, son ampleur risque toutefois d’être limitée par les possibilités budgétaires des Etats concernés et la nécessité de ne pas introduire d’effets de distorsion entre producteurs laitiers européens.
13 000 producteurs partants pour la réduction volontaires Selon le Ministère de l’Agriculture, 13 000 producteurs ont déposé des demandes de réduction de production pour les trois prochains mois. Cela correspond à plus de 180 000 tonnes. Rappel : la France a annoncé fin août sa décision d’abonder de 10 cts d’euros l’aide européenne pour les cinq premiers pourcents de baisse de production, portant ainsi l’indemnisation à 24 cts par kilo non produit. Au niveau européen, la baisse de la production de lait est estimée à un peu plus de 1,071 million de tonnes. |
Pour en savoir plus:
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