Lactalis est le numéro un mondial des produits laitiers, c’est une laiterie qui en France paye le litre de lait le plus bas de toutes les laiteries françaises, ça je l’ai dit je le répète, je considère que ce n’est pas acceptable et qu’il doit y avoir de la part de Lactalis l’effort qui consiste à se mettre au niveau de tous les autres, il n’y a pas de raison que Lactalis soit en-deçà », a martelé samedi Stéphane Le Foll à des journalistes, ors d’un comice agricole dans la Sarthe. A 256,90 euros la tonne achetée en juillet, Lactalis se trouvait loin derrière le groupe Laïta et la société Silav (290 euros la tonne) ou encore la laiterie Saint-Père, filiale d’Intermarché, qui rémunère les éleveurs 300 euros les 1.000 litres. Lactalis avait annoncé vendredi une augmentation de 15 euros la tonne de lait à compter du 1er septembre, soit environ 271 euros. Le médiateur a lui proposé 280 euros la tonne, ce qui n’a pas été accepté par les producteurs de lait. Un producteur sur cinq en France travaille pour Lactalis, soit 20% de la collecte française, ou 5 milliards de litres de lait collectés sur un total de 25 milliards produits annuellement en France. A la question de savoir si l’État disposait d’un moyen de pression sur Lactalis, M. Le Foll a répondu que « non ». « Est-ce que je peux mettre la pression sur un acteur industriel? Je ne peux pas. (…) Je ne peux pas négocier les prix à la place des acteurs économiques ou alors il faut dire qu’on est dans une situation où les prix sont décidés par le ministre« , a-t-il indiqué, ajoutant qu’il pouvait seulement pousser « pour que les gens négocient ». Mais deux séances de négociation avec Lactalis sur le prix du lait, à Paris jeudi et Laval vendredi, ont échoué. Et aucune date n’a été évoquée par les représentants les producteurs pour une éventuelle reprise des discussions. Après l’échec, c’est le temps de la « concertation. Les échanges entre la FNSEA, les organisations de producteurs de lait et les Jeunes Agriculteurs vont se poursuivre tout au long du week-end », a promis le président de la FNSEA Xavier Beulin, suite à la tenue d’une réunion téléphonique samedi.
Prêts à faire pression sur Lactalis
« Nous souhaitons prendre le temps de faire un tour de France auprès de tous les producteurs », a-t-il déclaré à l’AFP, ajoutant toutefois qu’il n’est « pas possible de rester dans cette forme de mépris de la part de Lactalis et il faut savoir que les producteurs sont prêts à faire pression sur le géant des produits laitiers, s’il s’enferre dans un mutisme », a-t-il assuré. Vendredi soir, la FDSEA 53 a appelé contre toute attente les manifestants à cesser leur occupation, entamée lundi dernier, d’un rond-point près d’un site industriel du groupe laitier, à Laval. Pendant que les producteurs de lait peaufinent leur stratégie face au géant Lactalis qui détient les marques Lactel, Bridel, Président ou encore Lanquetot, des actions commencent déjà à se mettre en place dans l’Hexagone. Samedi matin, une quinzaine de syndicalistes de la FDSEA ont retiré des rayons des produits Lactalis dans un supermarché Auchan à Louvroil (Nord), pour réclamer la revalorisation du prix d’achat du lait aux producteurs. Lancée sur le site i-boycott.org, une campagne vise à sensibiliser les consommateurs au devenir de la filière laitière. Dans l’Ouest, sans attendre de mot d’ordre national, les fédérations régionales (FRSEA) et Jeunes Agriculteurs des régions Bretagne, Pays de la Loire et Normandie ont indiqué samedi dans un communiqué commun « définir une stratégie qui sera suivie dès le début de la semaine prochaine ».
Paris, 27 août 2016 (AFP)
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