Sans faire de déclarations, les négociateurs sont allés rendre compte de la teneur des discussions aux manifestants qui bloquent depuis lundi soir un rond-point à proximité immédiate d’un site de production de Lactalis, sur la commune de Changé, en limite de Laval. Après ce compte-rendu, les négociateurs pourraient s’exprimer devant la presse. Par ailleurs, le tribunal de Laval a décidé vendredi soir de transformer en décision juridique un accord en vigueur depuis 17H00 entre Lactalis et la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles) de Mayenne, prévoyant de laisser sortir les camions du site de production durant la période de négociations, a précisé à l’AFP Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA. Lactalis avait assigné vendredi matin les fédérations régionales (FRSEA) de Normandie, Bretagne et Pays de la Loire, dont des membres bloquaient les accès au site depuis le début du mouvement, pour entrave à la liberté de circulation. Dans la mesure où les véhicules peuvent désormais entrer et sortir du site, il n’y a donc plus atteinte à la liberté de circulation, a expliqué en substance Mme Lambert. Cet accord est valable jusqu’à mardi matin. Ces entrées et sorties se font par un autre accès de l’usine que celui situé près du rond-point où sont installés les manifestants. Une première session de négociations s’était déroulée pendant 11 heures sans succès à Paris, jeudi soir et tôt vendredi matin. L’objectif des discussions relancées vendredi en fin de journée à Laval est de tenter de trouver une sortie du conflit sur le prix qui oppose le géant du lait aux producteurs français. « Ce qu’on attend, c’est une issue favorable, un accord qui permettrait de mieux vivre cette situation de crise que nous subissons aujourd’hui et de mieux appréhender l’avenir », a déclaré avant d’entrer en négociation Sébastien Amand, vice-président de l’Organisation de producteurs Normandie Centre (OPNC). « Il y a le souhait de tous les producteurs qu’elle (la négociation, ndlr) aboutisse », a-t-il dit, « si on est là, c’est qu’on a un espoir ». Cette réunion s’est tenue « sur le même format que la réunion parisienne, mais sans le médiateur » des relations commerciales agricoles, Francis Amand, qui était présent à Paris, avait-on appris auprès de la préfecture. Le groupe Lactalis a annoncé vendredi matin une hausse du prix du lait de 15 euros au 1er septembre, soit environ 271 euros la tonne, malgré l’échec des négociations, un pas en avant jugé insuffisant par les organisations syndicales. Le porte-parole du groupe Lactalis, Michel Nalet, a souligné vendredi matin
que la proposition de Lactalis avait pour objet de « démontrer qu’on continue d’aller de l’avant et de négocier ». La proposition a été froidement accueillie par les syndicats agricoles, qui bloquent depuis lundi soir l’usine de Lactalis près de Laval.
minimum 300 euros
Vendredi midi, une quarantaine d’agriculteurs continuaient d’occuper le giratoire donnant accès à l’usine, rebaptisé le rond-point de la « honte du lait ». « S’en aller c’est donner victoire, si on laisse l’accès à l’entreprise, elle a gagné à jamais », a déclaré à l’AFP Pascal Clément, président de la section laitière de la Fédération régionale des syndicats agricoles (FRSEA) du grand Ouest. Quant aux 15 euros de plus proposés par Lactalis, « Il est clair que l’offre peut être largement améliorée », a-t-il estimé. A l’usine Lactalis, des tours de garde sont d’ores et déjà prévus jusqu’à lundi. A l’issue des premières négociations, le médiateur avait précisé qu’il avait fait une « proposition de la dernière chance à 280 euros les 1.000 litres » pour les cinq derniers mois de 2016 par rapport à un prix actuel d’environ 257, ce qui portait l’augmentation à 23 euros, une offre qu’avait acceptée Lactalis mais refusée par les représentants des producteurs. Le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll avait appelé vendredi les parties prenantes à « reprendre au plus vite les négociations ».
Laval, 26 août 2016 (AFP)
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