En dépit de l’attitude irresponsable de la FNSEA, le groupe Lactalis augmente, dès le 1er septembre, le prix du lait », a annoncé Lactalis dans un communiqué. « Lors de la réunion avec les organisations de producteurs, qui s’est tenue ce jeudi 25 août à la Maison du Lait (…) le groupe Lactalis, pour tenir compte des réelles difficultés rencontrées par les producteurs de lait, a souhaité faire un effort supplémentaire sur le prix du lait, avec une augmentation de 15 euros/1.000 litres dès le mois de septembre », indique le numéro un mondial des produits laitiers. Contacté par l’AFP, le porte-parole du groupe, Michel Nalet, souligne que Lactalis a fait cette proposition pour « démontrer qu’on continue d’aller de l’avant et de négocier ». « Nous avons eu des interlocuteurs qui ne voulaient pas négocier hier, j’espère qu’on va faire bouger les lignes », a-t-il ajouté. La proposition a été froidement accueillie par les syndicats agricoles, qui bloquent depuis lundi soir l’usine de Lactalis près de Laval. La Fédération départementale des exploitants agricoles (FDSEA) de Mayenne a déclaré sur Twitter: « Ne vous faites pas avoir. Ce n’est que de la « com ». Lactalis est un pro de la com ». Vendredi midi, une quarantaine d’agriculteurs continuaient d’occuper le giratoire donnant accès à l’usine, rebaptisé le rond-point de la « honte du lait ». « S’en aller c’est donner victoire, si on laisse l’accès à l’entreprise, elle a gagné à jamais », a déclaré à l’AFP Pascal Clément, président de la section laitière de la Fédération régionale des syndicats agricoles (FRSEA) du grand Ouest. Quant aux 15 euros de plus proposés par Lactalis, « Il est clair que l’offre peut être largement améliorée », a-t-il estimé.
minimum 300 euros
Pour Franck Guéhennec, président de la FDSEA du Morbihan, « le prix doit être au-dessus de 300 euros pour la fin de l’année ». A l’usine Lactalis, des tours de garde sont d’ores et déjà prévus jusqu’à lundi. « S’il faut boucler (les tours de garde NDLR) la semaine d’après, on les bouclera », a réaffirmé le président de la FDSEA de Mayenne, Philippe Jéhan. Selon lui, les fédérations régionales de Normandie, Bretagne et Pays de la Loire ont reçu dans la matinée une « assignation à comparaître à 14H00 vendredi devant le tribunal de Laval ». Dans un communiqué de presse commun, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) ont par ailleurs appelé à une reprise des négociations « dans les meilleurs délais » à la préfecture de Laval. A l’issue des négociations, le médiateur avait précisé qu’il avait fait une « proposition de la dernière chance à 280 euros les 1.000 litres » pour les cinq derniers mois de 2016 par rapport à un prix actuel d’environ 257, ce qui portait l’augmentation à 23 euros, une offre qu’avait acceptée Lactalis mais refusée par les représentants des producteurs. « Je suis très déçu sur la méthode, j’ai eu l’impression que les représentants des organisations de producteurs n’étaient pas en capacité de prendre des positions et qu’elles leur étaient dictées depuis Laval. On repart à zéro, il n’y a plus de médiation possible dans ce cadre-là », avait-il déclaré.
Le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a appelé vendredi les parties prenantes à « reprendre au plus vite les négociations », soulignant que le prix payé aux producteurs par Lactalis ne pouvait « demeurer le plus faible du marché ». Il annonce par ailleurs qu’il présentera mardi le plan de français de régulation de la production laitière. La Commission européenne avait annoncé le 18 juillet une enveloppe de 500 millions d’euros pour soutenir le monde agricole, dont 150 millions pour inciter à réduire la production de lait.
Rennes, 26 août 2016 (AFP)
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