Située dans le Nord-Est de la Marne, la cuma de Vaudesincourt (22 adhérents, 40.000€ de CA) est historiquement organisée autour de l’activité d’arrachage de betteraves, comme la majorité des cuma du département. D’autres sections (semis, travail du sol, moisson) complètent les activités de cette cuma qui rend service à une vingtaine d’adhérents. Elle raconte aujourd’hui comment créer une section de désherbage mécanique.
Créer une section de désherbage mécanique: une réflexion animée par la frcuma
Le groupe a rejoint la frcuma Grand Est en septembre 2018. En outre, il a bénéficié de l’appui d’un animateur pour leur réflexion stratégique. Tout d’abord, l’intérêt était d’interroger les adhérents sur leurs attentes vis-à-vis de la cuma dans les années à venir. En effet, le groupe est composé de différentes générations. Chacune avec des objectifs et les sensibilités pouvant être assez différentes.
Une première réunion d’état des lieux, avec la présence de l’ensemble des adhérents, a permis à chacun de faire part de sa vision. Quand certains adhérents pouvaient être satisfait de ce qu’apportait la cuma, d’autres, aspiraient à plus de dynamisme et de projets. Et en particulier sur l’évolution des pratiques agricoles.
Un groupe volontaire s’est alors naturellement constitué autour du désherbage mécanique. La dynamique était lancée autour d’un projet commun.
120.000€ d’investissement
Ainsi, en janvier 2019, un conseiller de la Chambre d’agriculture intervient sur cette thématique. Puis, en mars 2019, un dossier de demande de subvention pour une gamme complète de matériels de désherbage mécanique est déposée. Ensuite, en mai 2019 sous l’impulsion de la frcuma, un dossier «Emergence GIEE» est également déposé. L’objectif: mobiliser des financements nécessaires au développement du groupe et poursuivre la réflexion sur l’évolution des pratiques dans les exploitations adhérentes.
Enfin, en avril 2020 les matériels arrivent à la cuma pour un investissement total de près de 120.000€. Au programme: une bineuse 12 rangs à guidage caméra (45cm d’inter-rangs), une herse étrille de 12m et une seconde de 6m avec semoir petites graines, une roto étrille de 12m et une houe rotative de 6m.
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En juin 2020, le GIEE se poursuit. Le groupe a visité des exploitations en agriculture biologique et échangé avec d’autres cuma. Par ailleurs, un dossier «Reconnaissance GIEE» est déposé pour faire labéliser la cuma en GIEE. Et également poursuivre le projet pendant 3 ans.
Créer une section de désherbage mécanique en échangeant sur les pratiques
A l’issue de ces nombreuses évolutions, les principaux acteurs du groupe (Alexandre, Virgil et Bérangère) reviennent sur les éléments qui ont permis la mise en place de cette dynamique. «Nous sommes jeunes installés, nous avons beaucoup à apprendre. Pour cela, nous avons besoin « d’essayer » pour « avancer ». Ainsi, les outils investis dans la cuma vont nous donner la possibilité de faire des tests. De pratiquer pour se faire la main sur ces nouvelles pratiques. Mais aussi d’engager la transition vers des systèmes avec moins de phytos que nous voulons tous les trois sur nos exploitations.
L’investissement à plusieurs adhérents de la cuma est rassurant, car il nous permet de réduire les coûts. Le matériel de désherbage mécanique va être utilisé sur une surface d’environ 250 ha. De plus, le groupe va nous permettre d’échanger sur les pratiques de chacun. Il va aussi faciliter l’utilisation des machines en raisonnant l’organisation du travail d’une manière collective. Par exemples la conduite d’une machine par un seul adhérents, la mise à disposition d’un tracteur, etc.»
Tendre vers plus de chantiers en commun
«La taille réduite de nos structures et la baisse de la main d’œuvre familiale, nous poussent aussi à regarder assez loin. Et donc à construire nos systèmes sur du long terme. Le partage d’expérience, de projets, notamment au travers du GIEE nous permet de préparer nos exploitations de demain. L’idée de travailler à plusieurs, de mutualiser les moyens nous semble être un bon levier pour optimiser les temps de travaux et les coûts. En période de travail, nous pouvons être beaucoup plus réactifs quand l’organisation des chantiers se fait avec trois tracteurs à plusieurs.»
«Si la dynamique de groupe se poursuit et si l’on arrive à trouver des projets communs, nous pourrions tendre vers plus de chantiers en commun, au-delà du désherbage mécanique. Pour cela, nous devons réussir à établir une confiance. Le statut cuma est là pour ça. Etablir des règles, servir de garde-fou et sécuriser les échanges sur le long terme.»