«Nous avons créé la cuma à quatre, en 2009, pour l’embouteillage» se souvient Patrick Tardy, trésorier de la cuma. «Maintenant nous sommes sept, tous installés sur le secteur des Marches.» Ensemble, ils mutualisent charrue, soufreuse, mini-pelle, et leur dernière acquisition, une machine à vendanger. «Cet achat a abouti après une longue réflexion » précise Jean-Michel Reymond, le président de la cuma. «J’en avais déjà acquis une à titre personnel il y a quelques années. En acheter une neuve avec la cuma, cela impliquait de s’organiser, c’est un gros boulot. Nous avons pris le temps de la réflexion.» D’autant que l’outil représente 168.000 euros d’investissement.
30% moins cher qu’un prestataire
Acheté en 2017 avec 40% de subvention et en projet d’amortissement sur 12 ans, l’organisation autour de la machine à vendanger donne finalement toute satisfaction. «On ne regrette vraiment pas. Deux chauffeurs se relaient pour la faire tourner au maximum, soit 10 à 12 heures par jour pendant les trois semaines à un mois que durent les vendanges, entre le 15 septembre et le 15 octobre.» Pour exploiter au mieux cette mécanisation en commun, la planification du travail est capitale. «Il faut préparer l’emploi du temps par chauffeur. On ne peut pas faire ce qu’on veut quand on veut. Mais au niveau du coût c’est top, d’autant qu’on ne trouve plus de vendangeurs.»
Les deux chauffeurs salariés sont des adhérents de la cuma et ils se relaient pour faire tourner au maximum l’outil. «Un responsable est assigné à chaque matériel de la cuma, tout le monde est impliqué. Et à la fin de la saison, nous nous retrouvons tous une journée pour le lavage et le remisage de la vendangeuse.»
Désherbage mécanique au programme
La cuma des Eboulis, ce sont 80ha de vignes, en pente parfois très rude, bien exposées, dans un décor magnifique. Chacun fait son vin et le groupe ne souhaite pas s’agrandir. «Il faut une bonne organisation du travail et une bonne entente. Avant l’achat de la machine, nous faisions déjà travailler des prestataires. Clairement, pouvoir le faire avec la cuma, cela nous coûte un tiers moins cher qu’avec un prestataire.» La Grégoire G4 vendange 50ha, même dans des coteaux très pentus, pour produire 3500 hectolitres en moyenne annuelle. Conscients qu’ils vont devoir changer leurs pratiques vis-à-vis du désherbage, les sept vignerons envisagent désormais d’utiliser la vendangeuse pour le travail du sol. «Nous allons d’abord tester sur de petites surfaces pour travailler sous le rang. Nous réfléchissons aussi à la location d’un bâtiment pour rassembler le matériel et peut-être aussi à créer un emploi.»
Un tarif à la minute
Compte tenu de la petite surface des parcelles et du relief, le tarif de la machine à vendanger est calculé à la minute d’utilisation. Ainsi le coût facturé aux adhérents est de 3,60 €/min. Pour les «bonnes» parcelles, le temps passé pour récolter 1 ha est de 3 heures soit 648€ et peut atteindre 800€ pour les parcelles difficiles.
Article extrait du numéro spécial Entraid’ Isère-Savoie – Février 2020.