Quand peut-on envisager d’investir dans un combiné de fauche? Un combiné de fauche comparativement à deux faucheuses gérées indépendamment l’une de l’autre, réalise proportionnellement un peu plus de surface. En général, la gestion de ce combiné se fait dans le cadre d’une organisation collective. Avec une conduite confiée à 1 chauffeur (+1 chauffeur suppléant le cas où). Par ailleurs, le débit de chantier du combiné de fauche se révèle souvent supérieur. Et il n’y a pas de temps perdu à dételer ou atteler. Par contre, cela nécessite une organisation rationnelle dans l’enchaînement des parcelles à faucher, de manière à maîtriser les temps de trajet.
Deux cuma réfléchissent pour remplacer leurs faucheuses-conditionneuses traînées de 3m par des combinés. Précisons que ces faucheuses-conditionneuses récoltent 230ha chacune par an. D’une part la 1ère cuma dispose de 2 faucheuses et envisage d’acheter un combiné 6m. D’autre part la seconde envisage de remplacer ses 3 faucheuse-conditionneuses par un combiné 9m.
Investir dans un combiné de fauche, quels impacts économiques pour l’adhérent?
Si l’adhérent ne regarde que sa facture cuma (16,96 €/ha dans cet exemple), alors la mise à disposition de la faucheuse-conditionneuse seule sera évidemment moins chère que le prix facturé du combiné avec traction. Mais cet avantage n’est qu’apparent dès l’instant où l’adhérent ne comptabilise pas son propre coût de traction.
En revanche, s’il prend en compte le coût de son tracteur (évalué dans cet exemple à 19€/h), alors le passage au combiné 6m (traction et main d’œuvre incluse), entraîne la même charge économique pour l’adhérent (30,94€/ha contre 31, 21€/ha) sans que celui-ci ne passe de temps! La charge économique diminue même dans le cas du passage au combiné 9m sur 690ha (26,78€/ha contre 31,21€/ha).
Enfin, le passage au combiné de fauche s’avère nettement plus avantageux si l’adhérent compte à la fois son coût de traction et sa main d’œuvre.
« Seuil d’équivalence », si augmentation de surface
Espérer garder une facture du combiné avec tracteur inclus, identique à celle de la faucheuse-conditionneuse seule, soit 16,96€/ha, obligerait la cuma à faucher nettement plus de surface de manière à diluer le coût de traction. Dans les cas de figure étudiés, le coût de traction du combiné 6m s’élève à 8€/ha (210ch à 5ha/h). Par ailleurs il descend à 6,43€/ha (250ch à 7ha/h) pour le combiné 9m.
Ainsi, en combiné 6 m, cela nécessiterait de faucher 690ha en plus. Soit passer de 460ha à 1.150ha au total. Un pari très difficilement concevable avec un combiné 6m. Même avec un débit de chantier d’un combiné légèrement supérieur à celui de 2 faucheuses 3m. Ensuite, dans le cas du passage en combiné 9m, cela représente 470ha en plus. Soit 1.160ha au total. Ce qui représente 68% de plus par rapport à la surface initiale.
Parvenir à cet objectif ambitieux contraint à restructurer complètement l’activité fauche dans une cuma. Toutefois ces calculs n’intègrent pas la main d’œuvre. Or dans la majorité des cas, la conduite des combinés de fauche est assurée par 1 ou 2 chauffeurs attitrés, rémunérés pour cela.
Prestation complète: une nouvelle organisation à caler!
En effet, la mise en place d’une prestation complète de fauche amène à reconsidérer généralement l’organisation globale de la cuma. Notamment pour faire face aux besoins de traction et de main d’œuvre mobilisés ponctuellement plusieurs jours consécutifs sur de longues plages horaires. Dans l’exemple du combiné de fauche de 9m, le besoin en traction correspond à une puissance d’environ 250ch sur presque 200h par an. Et ce, à raison d’1,5h de traction par heure de fauche, avec un débit évalué à 7ha/h. (soit 900ha /7 x 1,5).
Ainsi, il y a différentes pistes de solutions à explorer pour résoudre ce besoin de traction.
1/ Solliciter la mise à disposition d’un tracteur.
Soit dans la cuma, soit celui d’un tracteur d’adhérent qui serait sous-utilisé.
2/ Louer un tracteur le temps de la saison de fauche.
Attention toutefois, les locations de courte durée sont souvent conclues sur quelques mois. Ce qui suppose que des chantiers concentrés sur cette période.
3/ Acheter un tracteur dans la cuma.
Mais, il faudra lui trouver des activités complémentaires en cohérence avec sa puissance (transport de lisier, presse à ballées carrées) pour pouvoir l’amortir sur un nombre minimum de 450 à 500 heures.
Ensuite, côté main d’œuvre, les performances d’un combiné de fauche sont très liées également à la performance du (des) chauffeurs. Or, mobiliser une main d’œuvre qualifiée, le temps d’une saison est souvent compliqué. Les pistes de solutions sont peu nombreuses.
1/ Proposer cette mission à un adhérent en capacité de dégager suffisamment de temps.
2/ Proposer un contrat de travail en CDD.
Mais cela risque d’être difficile de trouver la personne à la fois disponible et compétente.
3/ Embaucher un salarié permanent dans la cuma.
Ce qui suppose de trouver la quantité de travail nécessaire (dans la cuma ou chez les adhérents) pour proposer un plein temps. Soit 1.607 heures par an.
Plus de détails sur quand investir dans un combiné de fauche dans le Rayons X n°5 (avril 2021).
A lire également dans le Dossier Faucheuses aux Rayons X:
Connaissez-vous le coût de chantier d’un combiné de fauche de 9m?