L’appellation « Rayons X » désigne à Entraid’ une analyse du coût des matériels agricoles, construite à partir des données des cuma compilées et traitées par la Fncuma et notre rédaction. Elle part des comptabilités des cuma mais les enseignements qu’on peut en tirer concernent autant les agriculteurs à titre individuel que les entrepreneurs. Ces données économiques permettent de connaître le coût de détention du matériel, notion essentielle à la gestion de l’activité.
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Le coût de détention : le facteur « X »
Les critères étudiés sont identiques pour les quatre machines retenues. Il serait toutefois imprudent de vouloir en faire un comparatif. En effet, les choix de spécifications des constructeurs comme le hasard des décisions d’achat font que ces quatre presses ne sont pas en tous points comparables.
Nous nous sommes concentrés sur les marques les plus achetées dans les cuma aux cours de ces dernières années, à savoir Claas, John Deere, New Holland et Kuhn. La marque Vicon faisait également partie de ce top des ventes. Toutefois, comme elle a complètement changé sa gamme au cours des dernières années (vente de l’usine de Geldrop puis rachat de Gallignani), notre raisonnement aurait été faussé. Nous l’avons donc écartée. Le choix du modèle dans chaque marque, au sein de ceux qui offraient un effectif suffisant, a été opéré de manière à ce que l’ensemble reste cohérent : le diamètre maxi de balle est de 1,80 ou 1,85 m. Mais il n’en demeure pas moins important de ne pas rechercher de strictes comparaisons.
Le coût de détention, qui est le critère économique choisi, représente le coût complet d’utilisation de la machine sur six ans de fonctionnement, de l’achat à la revente (hors assurance, remisage, etc.).
La rédaction retient aussi l’hypothèse d’un volume annuel moyen de 3000 balles, proche de celui constaté pour l’échantillon étudié dans le calcul de décote et de l’entretien. C’est une moyenne entre des zones spécialisées herbe, vite limitées dans une saison, et celles de type polyculture-élevage, au potentiel supérieur car elles combinent herbe et paille.
Ce coût de détention se compose de quatre postes :
- la perte de valeur ou décote de la machine, liée notamment à son vieillissement (valeur d’achat neuf moins valeur de revente à six ans) ;
- le poste entretien réparations ;
- les consommables ;
- les frais financiers théoriques liés à l’investissement.
Ce montant total est lié à la machine seule et ne prend pas en compte le coût de la main-d’œuvre, de la traction, ni les frais d’assurance et de remisage.
Estimation prévisionnelle
Calculer un coût de détention pour des modèles récents revient à faire une estimation prévisionnelle, mais celle-ci s’appuie sur l’historique des valeurs d’achat et de revente constatées au sein du parc matériel du réseau cuma en France. Et cela en ne considérant que des modèles proches de ceux à étudier, même s’il ne s’agit pas strictement du même.
Avec 4 % de part de marché en 2015 dans les cuma, la marque McHale illustre parfaitement ce point de la méthode, l’échantillon sur les années 2014 - 2015 - 2016 étant insuffisant pour disposer d’une valeur de décolte fiable de la machine.
Les frais financiers sont calculés en appliquant un taux annuel de 0,60% (indice OAT 10 ans) sur le capital mobilisé et financé à 100% pour acheter une machine neuve. Il est ainsi proche des valeurs observées sur le terrain, avec un taux pratiqué souvent plus important sur de longues durées, mais compensé par un autofinancement partiel du matériel (notamment par les reprises). Cette méthodologie de calcul est utilisée dans le logiciel de diagnostic de charges de mécanisation MécaGest Pro.
Premiers exemples avec les 4 presses à balle ronde qui font le lancement des Rayons X 2020 :
Coût et prix de la presse à balle ronde New Holland Roll-Belt 180
Coût et prix de la presse à balle ronde Kuhn VB 3190
Coût et prix de la presse à balle ronde John Deere V 461 M
Coût et prix de la presse à balle ronde Claas Variant 480 RF
Le prix d’achat
Les prix moyens d’achat des presses à balles rondes récentes présentés dans ce dossier sont issus d’un travail d’enquête en direct auprès des cuma. Il prend en compte le niveau d’équipement, l’impact de la reprise d’une machine précédente dans les transactions, ainsi que d’autres critères comme la zone géographique, la part de négociation et la date d’achat. Pour homogénéiser les informations, nous avons redressé les prix réels pour les ramener à celui d’une machine typique de notre échantillon sur le plan des grandes options.
Ficelle ou filet
Il existe peu de références sur la consommation de ficelle ou de filet lors du pressage en balles rondes.
Elle dépend des possibilités de la machine, du choix des utilisateurs entre ficelle et filet, ainsi qu’en matière de nombre de tours. C’est pourquoi le coût des consommables a été estimé à un niveau identique pour toutes les marques, sur la base d’un liage filet, soit 0,90 € par balle.
Le coût du chantier
Pour aller plus loin dans la réflexion économique, nous avons établi un coût de chantier, qui inclut le tracteur, le carburant et la main-d’œuvre. Comme il s’agit d’un calcul théorique, il part d’une série d’hypothèses : un tracteur de 140 ch coûtant 25 €/h carburant compris, un chauffeur évalué à 20 €/h, et un débit de chantier de 35 balles/h. Il en résulte que le prix de revient du chantier se répartit à deux-tiers pour la presse seule (avec filet) et un tiers pour la traction et la conduite (voir l’article dédié).
Le coût d’entretien
Les chiffres sur lesquels sont basés nos calculs de coût d’entretien sont issus des synthèses obtenues à partir des derniers guides prix de revient cuma de l’ensemble de la France. Ils concernent un panel de 1592 presses à balles rondes à chambre variable achetées neuves, avec une utilisation moyenne annuelle de 2890 balles.
Le poste ‘entretien’ comprend le coût des pièces et de la main-d’œuvre (hors remboursements des garanties assurances). Comme pour la partie décote, le coût d’entretien attribué au modèle étudié dans ce dossier est une estimation théorique, liée à l’historique constaté de la marque dans les références du parc des cuma. Il s’agit de ressortir une tendance réaliste du marché.
La valeur de décote
L’échantillon étudié pour la décote est composé de 1084 presses à balles rondes à chambre variable, d’un diamètre maxi entre 1,50 et 2,20 m. Ces machines ont été achetées neuves entre 2006 et 2018, et revendues entre 2010 et 2019. Nous en avons tiré des données de décote réelle, telles qu’elles figurent dans la comptabilité des cuma. Les chiffres constatés permettent d’établir une courbe de décote propre à chaque marque, de laquelle on tire une tendance après lissage. C’est elle qui sert ensuite de référence. La durée de décote étudiée est de six ans, soit la période de renouvellement moyenne de ces presses dans les cuma.