La banque de travail est une institution à la cuma de Maringes. « Cela remonte au début des années 80, avec des chantiers d’ensilage, et plus tard de fenaison, qui pouvaient rassembler jusqu’à 12 tracteurs et remorques quand le silo était éloigné, explique Marc Coquard. Pour bien formaliser les temps de travail reçus et donnés, la banque de travail a été créée. »
Un tarif de fenaison à prix coutant
« Pas de tracteur en cuma, mais 8 adhérents utilisent les faneuses, andaineurs et presses de la cuma. La fauche se pratique en individuel. » Pour les chantiers avec le matériel de la cuma comme les presses, la conduite passe par la banque de travail. En général, il y a deux adhérents avec leur propre tracteur pour chaque presse. « Cela permet de faire de longues journées, sans pénaliser les travaux sur l’exploitation. »
Les andaineurs et les faneuses sont aussi réparties entre d’autres adhérents. Le matériel appartenant à la cuma est normalement facturé aux adhérents.
Pour les presses, « le prix facturé a toujours été au coût réel. On prend les charges divisées par le nombre de balles réalisées. Les bonnes années, on tourne autour de 2,20 €/balle. Même les années avec de très gros volumes, on essaie de ne pas descendre au-dessous. Cela permet de provisionner et de compenser lors de petites récoltes où on ne dépasse pas 3 €. »
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Une monnaie virtuelle pour l’activité de presse et de fenaison
Pour la banque de travail, les différents services ont un nombre de points qui correspond à une minute et qui sont notés sur un carnet. Par exemple le service ‘presse + tracteur + chauffeur’ correspond à 1,92 point, idem pour l’andaineur. Pour le fanage c’est 1,5 point. « ll y a une différence de points entre la faneuse et l’andaineur car ce dernier n’est pas équipé d’un repliage hydraulique contrairement à la faneuse.
Pour compenser le temps passé à déplier et replier entre chaque parcelle, nous avons donc mis plus de points pour l’andaineur. Fixer le nombre de points pour chaque service fait partie de longues discussions souvent très tardives.
Parfois il y a des réévaluations en fonction des responsabilités. Par exemple, celui qui va tasser un silo avec son tracteur a plus de points que celui qui conduit une remorque. Chaque fois qu’il y a une autre activité, on fixe le nombre de points en comparant ceux attribués aux activités déjà existantes. Le point est en quelque sorte la monnaie virtuelle de la cuma. »
Celui qui fait le travail reçoit un certain nombre de points et celui chez qui le travail a été réalisé a donc un déficit du même nombre de points. A la fin de l’année, réunion de tous les adhérents pour faire les comptes. « Depuis le départ, il n’y a aucun échange d’argent. Chaque année, on remet tout à plat. Ceux qui sont en déficit de points le comblent l’année suivante en prenant des activités qui rapportent plus de points comme la presse.
C’est le conseil d’administration, au vu des comptes de chacun, qui décide qui va prendre telle activité pour retrouver l’équilibre, et en général tout le monde est d’accord. »
Dossier spécial fenaison : Récolte de l’herbe et Presses à balle ronde
Comme un service complet pour les chantiers de fenaison
Avec cette organisation en banque de travail, les chantiers de fenaison ont gagné en débit de chantier. « On s’est vite aperçu avec ce fonctionnement qu’un même chauffeur avec son tracteur travaillant chez plusieurs adhérents était plus efficace que de passer son temps à atteler et dételer. C’est un peu comme un service complet. Cela amène aussi de la qualité, par exemple pour le foin dont les différentes étapes peuvent être réalisées rapidement. »
Pour que cela fonctionne bien, il faut logiquement une bonne coordination. « Pour la fauche, il n’y a pas vraiment d’organisation. Parfois tout le monde commence en même temps mais celui qui a par exemple 15 ha à faucher ne va pas tout faire d’un coup pour ne pas monopoliser le matériel trop longtemps. C’est un accord tacite entre nous. Ensuite il y a un responsable par matériel et quand on en a besoin, on l’appelle et c’est lui qui organise l’ordre des chantiers. »
Les adhérents se sont posé la question d’investir dans une troisième presse ou de passer au liage filet pour gagner en débit de chantier. « On a finalement fait le choix du filet. C’est vrai que dans les parcelles les plus en pente, vu qu’il faut manœuvrer pour trouver le bon endroit afin de poser la botte de façon stable, on ne peut pas dire qu’on bat des records de débit de chantier. Avec le liage ficelle, plus lent, on avait le temps. Avec le filet et l’électronique, cela ne plait pas à la presse d’attendre trop longtemps pour poser la botte.
Il faut parfois arrêter la prise de force et /ou le boîtier et remettre en route. Encore un avantage d’avoir toujours les mêmes chauffeurs, ils connaissent la pratique. Par contre, là où l’on gagne du temps, c’est dans la paille car les parcelles cultivées sont plus plates. »
De la flexibilité sur l’utilisation de la presse
Pour travailler avec une organisation en banque de travail, « il faut une certaine tolérance sur les horaires. Aussi sur la manière de réaliser le travail qui ne sera jamais exactement comme on l’aurait fait soi-même. Mais l’important c’est que le boulot soit fait et dans les temps. Il y a aussi un côté social très important. On ne vient pas seulement chercher des outils à la cuma, on travaille véritablement en groupe. On va chez les autres, on se rencontre, on échange. Cela fait partie des éléments certes non chiffrables mais qui sont importants. »
Cet article et ces données sont issus d’un travail d’enquête et d’étude économique publié dans l’univers Rayons X. Quatre presses à chambre variable sont passées au scanner économique de la rédaction d’Entraid’.
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