On l’observe très souvent, c’est par la rencontre et la discussion qu’émerge de nouveaux projets. Le cas du camion usine ne fait pas exception. « Une réunion inter-cuma avait en effet soulevé le problème des broyeurs mélangeurs pour la fabrication d’aliments du bétail à la ferme, activité très représentée dans la Loire », se souvient Alexandre Bardonnet, administrateur de la cuma la Fourragère du Roannais. Certains matériels arrivaient en fin de vie, plusieurs ne pouvaient pas être renouvelés pour des raisons financières, d’autres en prestation complète n’avaient plus personne pour la conduite. C’est sur ces constatations qu’une idée a été lancée : pourquoi pas un camion usine en cuma ?
Des démonstrations pour convaincre
Remplacer les broyeurs par un camion, il fallait convaincre. Pour cela, la fdcuma de la Loire a organisé plusieurs démonstrations avec l’entreprise ABMF disposant de 2 camions-usine sur le département de la Saône-et-Loire. Cela a permis de voir le potentiel de la machine, de constater ses performances et d’établir un premier cahier des charges. A l’issue de ces visites, trois cuma totalisant une centaine d’adhérents ont finalement décidé d’adhérer à ce projet : la cuma du Gand, la cuma du Botoret et la cuma Fourragère du Roannais, cette dernière étant la porteuse du projet au niveau financier.
Un camion sur-mesure
« Nous avions le choix entre une marque allemande avec une antériorité et Transmanut dans le Loir-et-Cher avec plutôt un prototype. Nous avons fait le choix du second pour des raisons de cahier des charges mieux respecté. » Mais un tel outil a un prix : 340 000 € pour le camion complet, mais le projet a pu bénéficier d’une subvention de la Région à hauteur de 54 % du coût hors enveloppe cuma. Dans les projections, les 3 cuma avaient un potentiel de 2.500 t de produit travaillé par an.
Le chargement du produit s’effectue grâce à un système d’aspiration avant le passage dans le broyeur ou l’aplatisseur. A la fin de l’opération, un ticket est imprimé regroupant le tonnage et le temps passé. Le débit de chantier oscille entre 20 et 25 t/h suivant le produit travaillé.
Le déchargement peut être réalisé de deux façons : Par une vis dont la capacité est de 60 t/h et qui permet de décharger à une hauteur maxi de 9,8 m ou à l’aide d’une soufflerie pour les accès difficiles jusqu’à 30 m avec un débit de 20 t/h.
Des objectifs déjà atteints
Pour la conduite, un chauffeur a été embauché. « Trois par semaine pour les tournées sur les exploitations et deux jours de mise à disposition dans les cuma pour des travaux de conduite et entretien. » Après seulement six mois de service, les 2.500 t de produit travaillé sont atteintes. Près de 150 exploitations ont fait appel à ce nouveau service complet et des demandes arrivent des départements limitrophes. « C’est pour cela que nous avions dès le début limité notre rayon d’action au 1/3 nord du département. Si les demandes continuent à arriver, il faudra étudier des solutions et peut-être prendre un second chauffeur pour faire des journées plus longues. »
Des tarifs justifiés
Le camion se déplace quel que soit le tonnage travaillé. Pour cela, le tarif se décompose ainsi : un forfait de déplacement de 10 €, 55 € / h et 13 € / t travaillée. « Suivant l’organisation dans les exploitations et le tonnage réalisé, on arrive à un tarif qui est sous les 22 € / t pour le produit fini. » Si l’engouement pour ce service complet prend de l’ampleur, pourquoi pas un second camion dans quelques années ?
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