Le risque de contamination est «minoritaire, mais pas marginal non plus.» Et dans les faits, pour le professionnel qui voit les bénéfices de ses efforts s’anéantir, l’impact est déjà économique. «En moyenne, pour un producteur bio, la perte due à un déclassement s’élève à 7.280 €», chiffre Felix Lepers (chargé de mission de la Fnab). En filière grandes cultures, le manque à gagner moyen s’avère généralement moins conséquent que pour d’autres, mais la moyenne approche tout de même des 3.500€.
Tous les ans, ils sont une centaine d’agrobiologistes a subir cette expérience. D’après la Fnab trois quarts d’entre eux déclarent avoir identifié l’origine de la contamination dont leur production a été victime. «La contamination d’une production bio par un produit non homologué en bio peut venir d’un lieu de stockage, ou d’un matériel partagé…» Elle peut trouver sa source dans un phénomène de dérive, lors du traitement d’une parcelle voisine, parfois «même dans le cadre d’une utilisation dans les règles d’un produit phyto», liste le chargé de mission.
Tout est plus facile quand le dialogue est possible
À l’inverse, à peine un quart de l’échantillon des victimes de déclassement enquêtées a obtenu une indemnisation. «C’est très difficile de démontrer la responsabilité», constate Felix Lepers. Devant le problème et ce constat du découragement des producteurs à engager telle démarche, la fédération s’est emparée du sujet.
Elle publie une série de kits pour guider les agriculteurs notamment dans la gestion des contaminations. L’initiative vise surtout à les accompagner sur le chemin de la prévention.
La filière a l’obligation de tester la présence de résidus phytosanitaires chez 5% de ses acteurs chaque année. Rarement le résultat est positif, mais dans ce cas, le producteur bio risque un déclassement si la contamination est importante ou s’il a une responsabilité. Laissons de côté le cas de la fraude. Le producteur peut-être tenu responsable, et donc pénalisé, si l’organisme certificateur juge qu’il ne s’est pas suffisamment protégé du risque. D’où l’importance de pouvoir avancer des preuves qu’il a appliqué des mesures préventives.
Les kits que publie la Fnab en listent donc toute une panoplie. Ils retiennent surtout qu’entretenir de bonnes relations de voisinage ouvre à une aide précieuse. «Toutes les solutions qui fonctionnent le mieux sont basées sur le dialogue.»
Retrouvez les kits sur le site de la Fédération nationale d’agriculture biologique :
Kit n°1: Que faire pour vous protéger ?
Kit n°2: Que faire en cas de contaminations ?