Le rôle des réseaux sociaux
Les relations entre pair via les réseaux sociaux ont alors joué à plein. « Je me suis en particulier inspiré des réalisations de Fabien Labrunie, agriculteur en Indre-et-Loire, et de la famille Luherne, du Morbihan. » Le projet lancé fin 2020 s’est ainsi concrétisé début 2021.
Pour le châssis, il s’est procuré un outil à dents Vibroflex de chez Kongskilde, d’occasion. « J’ai veillé à choisir un modèle à quatre rangées, qui offre un bon dégagement entre dents. En plus, le dégagement sous bâti de cette version est également important. » Il s’agit d’un modèle porté avec deux roues de jauge à l’avant. Un contrôle précis de la hauteur du châssis est indispensable pour une profondeur de semis régulière. Cette première étape de l’outil de travail du sol reconditionné fige l’inter-rangs à 23 cm car ce sont les dents du Vibroflex, ainsi espacées, qui deviennent semeuses. « Habituellement, nous semons à un écartement plus faible, mais à l’usage, cela ne pose pas de problèmes. » La dent Kongkilde en elle-même bénéficie d’une certaine souplesse et vibre un peu, créant ainsi de la terre fine. D’autres constructeurs de semoirs maison, et constructeurs tout court d’ailleurs (Aitchison, Duro, etc) optent pour des dents de type queue-de-cochon. Il serait sans doute utile de comparer les deux solutions.
Une pointe de semoir à dents développée par un agriculteur
Il faut ensuite doter la dent d’une pointe capable d’ouvrir de sol et d’y déposer la graine. David Méallet a rapidement choisi la pointe développée par Fabien Labrunie et la société Agri France Carbure. « La partie qui entre en terre est très étroite, presque verticale, et pénètre sur seulement quatre à cinq centimètres de profondeur. Le besoin de puissance est donc très faible, et le sol peu perturbé. » Il existe sur le marché quelques variantes de cette pointe dotée d’une sorte de doigt presque vertical, chez les spécialistes du carbure ou les fournisseurs de pièces de rechange. Le choix est donc assez large.
Pour alimenter en semence un semoir maison, deux solutions se présentent. Soit l’agriculteur possède déjà une trémie frontale, et il lui faut juste installer sur son outil une tête de répartition avec la tuyauterie. Soit il acquiert d’occasion une trémie et sa distribution, et les installe en direct sur le châssis, ou en fait une trémie frontale.
David Méallet a cherché une trémie frontale d’occasion mais n’en a pas trouvé à l’époque. « Je suis donc parti d’un semoir Rabe Turbodrill, dont j’ai pu faire une trémie frontale avec plusieurs modifications. J’en ai d’autre part extrait la tête de répartition pour la poser sur le semoir. » La soufflerie d’origine du semoir fonctionne aussi bien qu’avant malgré le besoin de transporter les graines depuis l’avant du tracteur jusqu’à l’arrière. Il a même fallu ajouter des évents en fin de parcours pour un atterrissage en douceur dans le sillon.
Le bon accord entre le soc et le lâcher de la graine
La descente de la semence à l’arrière de la dent fait l’objet de variantes selon les auteurs observés. Les grains doivent en effet finir leur course à la profondeur souhaitée, dans le peu de terre fine produit par le passage de la dent. Sur son semoir Bartsem, Fabien Labrunie explique qu’il a confectionné des tubes sur mesure (voir sa vidéo sur la chaîne Youtube d’Agroleague). David Méallet a quant à lui acheté des descentes de type Köckerling, faciles à installer sur les dents Kongskilde et qui conviennent bien à la nature des sols du Morbihan. Plus le sillon se referme vite et plus il faut lâcher la semence près de la pointe de la dent semeuse. D’autre part, sur certains semoirs faits maison, le tube se termine par deux tôles qui canalisent la terre. Mais plus l’organe descend bas et plus il risque de se boucher en conditions collantes. Là encore, l’expérience des collègues s’avère précieuse pour savoir quelle option prendre.
Comme sur tout semoir, l’histoire se termine avec la fermeture, ou le recouvrement du sillon. David Méallet avait sous la main un jeu de roulettes Amazone, utilisées avec satisfaction sur un précédent matériel expérimental. Il les a donc montées sur le nouveau semoir maison. « Elles sont très souples, faciles à régler, et fonctionnent très bien sur les semis de couverts ou au printemps. En revanche, si nous semons du blé derrière maïs grain, les débris ont tendance à s’enrouler et à bourrer. Mais heureusement, elles sont faciles à démonter. » En alternative, il installe des tronçons de grosse chaîne, qui remettent des débris végétaux sur le sillon. Il pense tester également une classique herse peigne.
Semoir à dents : un bon complément dans une cuma
Le semoir maison de la station de Kerguéhennec donne donc satisfaction au regard de l’investissement et du temps passé. Il fonctionne bien en direct mais également suite à un déchaumage superficiel. Un tracteur de 70 à 80 ch peut l’emmener, à une vitesse de 5,5 à 6,5 km/h. « Il ne faut pas chercher à semer vite avec ce genre de matériel, mais plutôt jouer sur la largeur si la surface à implanter est importante. » David Méallet ajoute : « Pour une cuma qui possède déjà un outil de semis direct à disques, construire son propre semoir à dents peut apporter une solution de complément aux adhérents. » À ce propos, le reproche le plus fréquent fait aux modèles à disques est qu’il leur arrive de pousser de la paille en fond de sillon, d’où une mauvaise levée. Les modèles à dents risquent quant à eux de bourrer dans des débris végétaux à brins longs.
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