Devenir groupement d’employeurs ne s’improvise pas. Preuve en est avec l’expérience de la cuma des Jonquilles dans la Nièvre (58), rapportée par Sylvette Bernard (animatrice de la Frcuma Bourgogne Franche-Comté) lors du congrès Fncuma 2018.
A l’origine: un manque de main d’œuvre
Créée en 1998 avec 4 adhérents, la cuma des Jonquilles se trouve au bord de l’implosion fin 2014. L’idée d’une dissolution est même envisagée lors de l’assemblée générale (problèmes d’impayés et de déclarations de surfaces). Lorsque le fils du président de la cuma, Thomas Lemée, s’installe en individuel en 2015, il soulève le problème du manque de main d’œuvre dans les fermes de la cuma. En effet, sur les 10 exploitations que compte alors le groupe, on ne dénombre que deux gaec. Or la plupart des adhérents ont des responsabilités également en dehors de la cuma. L’idée d’embaucher un salarié est alors venue.
Un groupement d’employeurs en 4 mois
La cuma des Jonquilles est alors devenue groupement d’employeurs en 4 mois via un DiNA !
- Septembre 2016 : premier contact avec la fédération nationale des cuma sur l’emploi
- Octobre 2016 : décision d’embauche d’un salarié en TESA (Titre Emploi Simplifié Agricole)
Pour en savoir plus sur le TESA, rendez-vous sur le site de la MSA - Novembre 2016 : arrivée du salarié pour 2 mois en TESA
- Décembre 2016 : journée avec la juriste emploi de la FDSEA pour régler toutes les questions d’organisation légale et définir le contrat de travail (le salarié a-t-il droit à des RTT, si oui combien ? Combien de week-end peut-il travailler par an ? etc)
Dépôt du dossier DiNA cuma - Janvier 2017 : embauche du salarié en CDI (temps plein, 40h, rémunéré au SMIC)
Le salarié réalise des travaux diversifiés en travaillant avec les outils et matériels de la cuma mais aussi des exploitations des adhérents. Seules les tâches liées aux animaux restent dédiées aux adhérents. « Un des objectif de cette embauche était de permettre aux adhérents de se dégager du temps à consacrer à leurs troupeaux respectifs » explique Sylvette Bernard.
Concernant l’organisation au quotidien, un calendrier de « non-utilisation » a été mis en place : à tour de rôle (rotation de 7 semaines), un adhérent est désigné pour travailler obligatoirement avec le salarié si aucun adhérent n’a besoin de lui. Le contrat de travail et les fiches de paies sont gérées par la FDSEA.
Après une première année : un bilan plus que positif
Un premier bilan (très) positif a été dressé avec les différents adhérents de la cuma des Jonquilles en décembre 2017. Au delà de l’apaisement général des tensions à l’intérieur du groupe, la cuma a observé un recul de 3.000 euros dans les dépenses liées aux réparations des matériels. Mieux, l’arrivée du salarié et la proposition de services clé en main a conduit à l’adhésion d’un gaec aux ateliers tracteur et télescopique. A la clé : une valorisation du matériel de la cuma encore meilleure.
Aujourd’hui, la cuma des Jonquilles se pose même la question d’embaucher un second salarié et de créer un atelier mécanique pour l’entretien du matériel. Un règlement intérieur et une fusion avec une cuma voisine sont également en projet.
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