Entraid: Quel regard porte le conseil régional sur l’agriculture de groupe?
Marie-Sophie Lesne: J’ai un regard positif sur les cuma. J’ai rencontré les représentants régionaux l’été dernier, mais ils n’ont pas eu besoin de promouvoir les vertus de l’investissement collectif car j’en suis convaincue. Certaines exploitations sont aujourd’hui en difficulté car elles doivent faire face à des remboursements de matériels bien trop onéreux par rapport à leur capacité. En cuma, il y a davantage de facilité. Nous devons mettre en place des stratégies pour favoriser l’achat en commun ou mieux rationaliser les achats individuels. Par ailleurs, la dimension emploi nous intéresse particulièrement car les cuma permettent la mutualisation. Toutes les exploitations ne peuvent pas se permettre de payer un temps plein.
Les investissements en cuma sont sans contestation plus compétitifs que les investissements individuels. Comment comptez- vous les encourager?
Nous continuerons à soutenir les cuma car tout concourt à ce que l’agriculture de groupe prenne de l’ampleur. Les acteurs sont déjà en place et nous savons qu’il est important de les soutenir pour apporter le conseil nécessaire au terrain. Pour les investissements dans le cadre du Feader, les cuma bénéficient de points supplémentaires dans la grille de sélection et de taux d’aides bonifiés: 20% en Nord Pas-de-Calais et 10% en Picardie. Nous veillerons à ce que cela continue.
Au-delà des aspects économiques, qu’est-ce que les cuma peuvent apporter aux agriculteurs?
Les principes qui régissent les cuma, tels que l’humain et la priorité au collectif, sont un vecteur évident pour le partage de bonnes pratiques. Cela correspond à ce que souhaite promouvoir le conseil régional, à savoir: dégager de la valeur ajoutée pour nos exploitations. Elles sont garantes de rentabilité pour nos exploitations et offrent la possibilité de décloisonner la vie des entreprises agricoles sur un territoire.
Plus globalement, quelles sont les ambitions du conseil régional pour l’agriculture dans les Hauts-de-France?
Les Hauts-de-France sont une grande région agricole. Première en termes de point de PIB et de valeur ajoutée. Nous voulons une agriculture moderne et compétitive. Pour cela, on doit pouvoir accompagner toutes les agricultures et être sur tous les fronts, que ce soit l’agriculture industrielle ou vivrière, les circuits courts ou le développement de la bio. Nous voulons surtout une agriculture créatrice de valeur ajoutée car, aujourd’hui, c’est bien cela le problème. Cela passe par la maîtrise de la transformation par la production agricole, l’encouragement à la diversification et à l’approvisionnement local ou l’accompagnement de nos entreprises agroalimentaires à l’export, en lien avec Business France (1).
Pour les filières d’élevage, y a-t-il des mesures dans les tuyaux?
On est en train de mettre la dernière main sur notre stratégie agricole. Nous avons, durant cette première année, essayé de capter les attentes de chaque filière pour être le plus pragmatique possible. Nous avons plusieurs chantiers à mettre en route. Pour les filières d’élevage, qui connaissent de grosses difficultés, nous souhaitons mettre l’accent sur la diffusion de références technico-économiques avec, entre autres, la mise en place d’une offre de formations diversifiée et plus réactive. Il nous est apparu que 70% des producteurs ne connaissaient pas leurs coûts de production. Hors, en lait aujourd’hui, la rentabilité se joue au centime près. En mettant l’accent sur la technicité des systèmes herbagers et l’autonomie protéique, il y a une possibilité de gagner 10 à 20% de rentabilité. Nous souhaitons également développer des signes d’identification issus des productions des Hauts-de-France pour communiquer auprès de nos concitoyens des bienfaits de nos agriculteurs sur les territoires. Etant moi-même maire d’une commune dans l’Avesnois, je suis particulièrement sensible au maintien et à la défense de notre bocage.
(1) Opérateur public national au service de l’internationalisation de l’économie française.
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