Combien ?
Sur le montant, rien n’est décidé. « On a vu beaucoup de chiffres, il y a des ordres de grandeur qui ne sont même pas comparables, mais la discussion ne s’engage pas encore sur les chiffres », résume un haut responsable européen.
Dans un document qui a circulé mercredi soir sur un projet de la Commission européenne, la somme de 2.000 milliards d’euros est évoquée, mais l’exécutif européen a assuré que ce document n’était pas remonté jusqu’au cabinet de la présidente, Ursula von der Leyen.
Force est de constater que la Commission est loin de parler d’une seule voix et que les avis varient. Si le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, a suggéré une somme de l’ordre de 1.000 milliards, le président de l’Eurogroupe (le cénacle des ministres des Finances de la zone euro), le Portugais Mario Centeno, est resté évasif, évoquant une fourchette de 700 à 1.500 milliards.
Emprunts communs
Pour le financement de ce plan, les avis divergent tout autant. Rome, Paris et Madrid ont plaidé pour un endettement commun, sous des formes variées, que l’on a souvent résumées par le terme de « coronabonds ». Une solution rejetée par l’Allemagne et les Pays-Bas. L’intérêt de la mutualisation des dettes pour les pays du Sud de l’Europe, c’est de bénéficier des taux d’intérêt peu élevés des pays du Nord, connus pour leur rigueur budgétaire.
En début de semaine, Madrid a lancé l’idée d’une « dette perpétuelle », qui plaît également à Rome. Son avantage, c’est qu’il n’y a pas à rembourser le principal, seulement verser les intérêts. Mais le risque, c’est que les taux d’intérêts augmentent un jour…
La France propose elle de lever de la dette commune pour l’avenir et pour une période limitée: par exemple à 5 ans remboursable sur 20 ans.
Prêts ou dons
Compte tenu du niveau élevé de la dette de certains pays européens, comme l’Italie, faut-il encore discuter de prêts ou ne faut-il pas leur venir en aide directement sous forme de dons? Dans sa proposition, Madrid a demandé que l’aide soit versée sous forme de « subventions » et non de prêts « afin de ne pas augmenter le niveau de la dette nationale ».
Or, cette option très sensible politiquement déplaît à l’Allemagne et aux Pays-Bas, peu enclins à ce qu’ils appellent une « Union des transferts ». Même si en principe, elle existe déjà dans les faits: ils payent davantage qu’ils ne reçoivent dans le budget de l’UE qui profite aux régions plus pauvres.
A la fin, estime un haut responsable européen, « ce sera un mélange de dons et de prêts: nous aurons besoin des deux ».
Budget de l’UE
Pour financer le plan de relance, l’utilisation du prochain budget de l’UE, qui court sur la période 2021-2027, fait aussi débat. Cette option rassure les pays du Nord, car elle fournit un cadre légal, mais elle risque de susciter d’autres questions tout aussi compliquées, comme la priorité de ces dépenses d’investissement par rapport à la Politique agricole commune par exemple.
Jeudi, la chancelière allemande Angela Merkel s’est en tout cas montrée prête, « dans un esprit de solidarité » à payer plus. Cette contribution « plus importante » serait toutefois, a-t-elle ajouté, apportée sur « une période limitée ».
Dépenses
Dernière inconnue: comment dépenser l’argent? « C’est toute la question des secteurs, il faut savoir quels sont les secteurs et les régions les plus touchés et se mettre d’accord », remarque un haut responsable européen.
La France plaide pour investir dans des industries stratégiques afin de rester dans la course face aux Américains et aux Chinois, déjà soupçonnés de lorgner sur les entreprises européennes fragilisées par le confinement.
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