Hennessy, Martel, Rémy Martin, Courvoisier… Ces noms vous disent-ils quelque chose? Ils correspondent aux prestigieuses maisons de Cognac qui se fournissent dans la zone d’appellation d’origine contrôlée, située à cheval sur les deux départements charentais. Ici, la viticulture est florissante. On le doit à la réputation d’excellence du Cognac consommé pur ou en cocktail. Principalement en Amérique du Nord et en Asie.
Rester en cuma
Plusieurs viticulteurs travaillent indépendamment. Mais certains ont fait le choix depuis de nombreuses années de partager leurs matériels et certains chantiers de travaux. C’est le cas d’Alain Bodin, viticulteur et vigneron avec son fils à Réaux-sur-Trèfle en Charente-Maritime. Il est aussi le président de la cuma du Moulin de la Galette.
Quand les résultats économiques des exploitations sont positifs, certains agriculteurs sont parfois tentés d’investir seul. Ici, les 18 adhérents restent attachés à leur cuma. En particulier les sept exploitations qui mutualisent la récolte avec une machine à vendanger New-Holland renouvelée début 2022. Coût 230.000€. S’y rajoutent deux pressoirs et trois bennes de transport. Trois exploitations sont également convaincues de l’opportunité de conduire en commun la pulvérisation. Cet attachement au fonctionnement collectif est dû principalement à deux raisons.
Economiser 300 à 400€/ha vendangé
D’abord, faire des économies. La différence de coût entre le recours à l’ETA pour les vendanges ou le travail en cuma est significative. On estime que cela représente un écart d’environ 350 à 400€/ha. De 400 à 450€/ha en cuma on passe à 750-800 en ETA! Cette économie n’est pas neutre. Notamment quand on songe aux deux périodes de crise qu’a traversées la filière Cognac dans les années 1975–1988 et 1993–2003.
Ensuite, le confort de travail. Autrefois, chacun disposait de son pressoir, souvent ancien et plus ou moins fonctionnel. Le déroulement des vendanges représentait alors une période assez éprouvante. Avec des équipements collectifs régulièrement renouvelés et performants, les conditions de travail s’améliorent.
Dans de bonnes conditions et dans les normes
Elles s’améliorent notamment sur un point non négligeable: le lavage des outils de la chaîne de récolte. Celui-ci est grandement facilité par la présence d’une aire de lavage collective depuis 2014. L’aire sert aussi au traitement des effluents. «Cet équipement gère les effluents de lavage, les masses de distillation et les effluents de chais. Il y a un stockage tampon individuel au chai, puis le transport et le traitement en collectif et bio bed», indique la fdcuma des Charentes. Coût de cet équipement qui a permis aussi, la mise aux normes des exploitations: 75.000€, subventionné à 25%.
A l’abri avec deux autres cuma
La cuma dispose d’un large éventail de matériels: broyeur à sarments, rogneuses faucilleuses, interceps, cover-crop… Cependant, plus de moissonneuse-batteuse dans son parc. La cause de cette disparition est principalement liée à la difficulté à recruter des chauffeurs saisonniers pour la conduire. En revanche, la cuma du Moulin de la Galette loue avec deux autres cuma (Malabri et les Arnauds), et une association de chasse, un hangar très pratique pour l’entreposage de tous ses matériels.
Ce portrait de cuma a été brossé par les responsables du Moulins de la Galette le 1er juin. Cela s’est passé devant une cinquantaine de participants aux congrès de la fncuma, venus en Saintonge toucher du doigt la réalité du mouvement cuma picto-charentais. « Comme le Cognac, la cuma du Moulin de la Galette se bonifie avec le temps », ont conclu ses responsables…
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