Le déchaumage constitue une opération culturale courante. Elle nécessite dans certains cas plusieurs passages, et le réaliser à moindre coût constitue donc un enjeu important. Nous allons explorer plusieurs variantes de chantier de déchaumeurs pour cerner l’effet de différents paramètres sur le coût d’un chantier de déchaumage. D’abord la surface travaillée annuellement par le déchaumeur, ensuite le débit de chantier, le prix du carburant et, enfin, le type d’attelage.
Coût d’un chantier de déchaumage : les hypothèses de calcul
Nous partons d’un appareil de 4,50 m de largeur de travail, de type semi-porté, acheté 44 000 € et utilisé durant 8 ans à hauteur de 400 ha/an. Son coût de détention s’élève à 13 €/ha. Il est attelé à un tracteur de 180 ch utilisé 600 h/an, qui coûte 18,90 €/h hors carburant, et consomme 24,7 l/h d’un GNR à 1,40 €/l. Le débit de chantier dans la parcelle se monte à 2,8 ha/h. Enfin, nous considérons un coût de main-d’œuvre de 22 €/h. Une hypothèse optimiste qui ne tient pas compte des heures payées mais non facturables : préparation, déplacements, entretien, etc.
Sur cette base, le chantier coûte 32,10 €/ha, hors main-d’œuvre et déplacements, soit 13 € de déchaumeur, 6,75 € de tracteur et 12,35 € de carburant. En intégrant le chauffeur, le coût total monte à 40 €/ha. Sur cette somme, le premier poste s’avère être le déchaumeur, pour 32,5 %, juste devant le carburant, qui pèse 31 %. Viennent ensuite la main-d’œuvre et la traction.
Répartition des différents coûts d’un chantier de déchaumage.
L’effet surface : quel impact sur le coût d’un chantier de déchaumage ?
Premier facteur étudié : la surface travaillée, qui dilue plus ou moins les charges fixes du déchaumeur. Un appareil qui ne couvre que 300 ha/an au lieu des 400 imaginés, coûte 16,50 €/ha au lieu de 13 €/ha, soit 27 % de plus. Sur l’ensemble du chantier, traction et main-d’œuvre compris mais hors déplacements sur route, le surcoût s’élève encore de 9 %. Cette situation peut se rencontrer dans les petits groupes, dans les régions à forte proportion de prairies (moins de potentiel de travail du sol), ou encore dans celles avec une majorité de cultures de printemps.
Dans l’autre sens, si le déchaumeur peut travailler 500 ha/an, il voit son coût de détention tomber à 10,90 €/ha, soit 16 % de moins. Le coût total du chantier tombe quant à lui de 40 à 37,90 €/ ha, soit 5 % de gagnés. Dans les secteurs céréaliers, les déchaumeurs de cuma descendent ainsi facilement en dessous des 10 €/ha grâce à un plus fort potentiel d’activité. Précisons qu’en déchaumage, on parle de surface déployée, qui comptabilise donc des passages successifs dans la même parcelle ainsi que les croisements.
Effet de l’utilisation du déchaumeur sur le coût total du chantier de déchaumage. Hypothèses : déchaumeur de 4,50 m, semi-porté, acheté 44 000 € et utilisé durant 8 ans, tracteur de 180 ch, coûtant 53,50 €/h carburant compris, GNR à 1,40 €/l, débit de chantier de 2,8 ha/h dans la parcelle, main-d’œuvre à 22 €/h.
L’effet couverts végétaux
Les couverts végétaux tendent, d’autre part, à augmenter le travail des déchaumeurs et à en abaisser le coût. En effet, ils sont fréquemment sollicités pour les implanter, dans la mesure où ils sont équipés d’un dispositif de semis, et ensuite servent à les défaire. Si on prend pour hypothèse qu’il faut ajouter 6 000 € de kit de semis au déchaumeur pour implanter des couverts avec, son prix d’achat passe de 44 000 à 50 000 €. À surface égale, le surcoût s’élève alors à 1,70 €/ha. Mais comme l’appareil pourra travailler plus, il est possible de compenser ce supplément. En fait, il suffit de semer 50 ha/an, soit une activité totale de 450 ha/an au lieu de l’hypothèse de départ de 400 ha/an, pour retomber sur nos 13 €/ha du départ.
L’effet débit de chantier
Le débit de chantier joue lui aussi sur le coût final, en exploitant mieux les heures de traction et de conduite. Nous sommes partis d’une hypothèse de 2,8 ha/h, puisée dans les données relevées par une flotte de compteurs connectés. Imaginons que cette valeur tombe à 2,6 ha/h, parce que le parcellaire est défavorable, ou que des bourrages fréquents obligent à des arrêts. Le chantier coûte alors 42 €/ha au lieu de 40, soit 5 % de plus. Au contraire, le débit de chantier peut aussi grimper à 3 ha/h. Parce que le parcellaire va bien, que le sol permet d’avancer un peu plus vite. Dans ce cas, le chantier complet affiche 38,20 €/ha, presque 5 % de moins.
Effet du débit de chantier sur le coût total du chantier de déchaumage. Hypothèses : déchaumeur de 4,50 m, semi-porté, acheté 44 000 € et utilisé durant 8 ans à raison de 400 ha/an, tracteur de 180 ch, coûtant 53,50 €/h carburant compris, GNR à 1,40 €/l, main-d’œuvre à 22 €/h.
L’effet attelage et en corollaire prix d’achat
Lors de l’achat d’un déchaumeur, se pose souvent la question du type d’attelage. En effet, à largeur égale, un appareil porté représente un investissement moindre. En revanche, il demande une bonne capacité de relevage. Cela passe par un tracteur de gabarit important, qui ne valorise pas forcément toute sa puissance. L’alternative consiste à investir dans un déchaumeur semi-porté. Ce type de machine se contente d’un tracteur disposant de la puissance de traction juste nécessaire, donc plus petit. En revanche, le prix de ce déchaumeur semi-porté est nettement plus élevé. Pour explorer l’enjeu économique de ce choix, nous avons comparé deux hypothèses. D’un côté, notre déchaumeur semi-porté, attelé à son tracteur de 180 ch, déjà chiffré. De l’autre, un modèle porté, également en 4,50 m de large, mais attelé cette fois à un tracteur de 220 ch.
Résultat des courses : les choses s’équilibrent sensiblement. En effet, la solution du déchaumeur porté coûte 0,80 €/ha de plus, soit 2 % sur le chantier hors main-d’œuvre. Mais le calcul ne porte que sur les 200 h de traction concernées (déchaumage et déplacements). Que font les tracteurs le restant de l’année ? Les 40 ch de plus sont-ils valorisables ailleurs ? Dans une cuma ne possédant pas de tracteur, le choix d’un déchaumeur semi-porté permet de moins brider les adhérents ne disposant pas d’un engin de grand gabarit dans leur exploitation. À l’échelle d’une cuma avec tracteur ou d’une seule exploitation, le raisonnement peut différer.
L’effet carburant sur le coût d’un chantier de déchaumage
Dernière simulation : l’effet du prix du GNR. La valeur de 1,40 €/l retenue initialement correspond à la situation en novembre 2022. Nous avons chiffré l’effet d’un passage à 1,80 €/l. Ce prix déjà connu au printemps 2022 pourrait revenir si les phénomènes politico-économiques subis depuis un an se poursuivent. Le chantier avec notre tracteur de 180 ch prend alors 3,50 €/ha, soit une hausse de 9 %. Celui avec un tracteur de 220 ch subirait quant à lui une augmentation de plus de 10 %, passant de 40,80 à 45,10 €/ ha.
Effet du type d’attelage et du prix du GNR sur le coût du chantier de déchaumage. Hypothèses : déchaumeur de 4,50 m utilisé durant 8 ans, soit semi-porté acheté 44 000 €, soit porté acheté 28 000 €, tracteur de 180 ch coûtant 18,90 €/h hors carburant, ou de 220 ch coûtant 22,10 €/h hors carburant, débit de chantier de 2,8 ha/h dans la parcelle, main-d’œuvre à 22 €/h.
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