Selon leurs estimations, entre 800 et 900 tracteurs sont venus de six régions entourant la capitale. Ils devaient se rassembler dans la matinée sur l’avenue Foch, quartier cossu dans l’ouest de la capitale, où les forces de l’ordre les attendaient, mais ont choisi de mener des opérations escargots sur le périphérique et n’avaient toujours pas passé la porte Dauphine à 13H30.
« Nous menons une opération escargot sur le périphérique en avançant à pas d’homme. Nous sommes dans un convoi de 80 tracteurs environ, entre la porte de Gentilly et celle d’Orléans. Nous menons cette opération jusqu’à obtenir un rendez-vous avec Emmanuel Macron, nous espérons le voir en fin de journée », a déclaré Mathieu Garnotel, exploitant agricole dans la Marne, joint par téléphone à bord de son tracteur.
« Nous continuerons le blocus jusqu’à obtenir ce rendez-vous », a-t-il ajouté.
« Dans mon groupe de quelque 150 tracteurs, nous bloquons le périphérique extérieur jusqu’à nouvel ordre », explique également Guillaume Moret, agriculteur dans le Val d’Oise. « Nous sommes arrêtés sous un pont entre porte d’Asnières et porte de Champerret ». « On déjeune », raconte-t-il.
Alix Heurtaut, agricultrice venue de l’Essonne, se trouvait elle aussi sur le périphérique Ouest. « Nous sommes environ 200 tracteurs venant du sud de Paris et des Yvelines sur le périphérique, à la hauteur de la porte de Passy. Le convoi est pratiquement au point mort. Notre objectif est d’arriver porte Dauphine, puis avenue Foch » où est prévu un rassemblement.
Parallèlement, environ 200 agriculteurs, venus à pied ou en voiture, ont temporairement bloqué les Champs-Elysées en fin de matinée, déversant du foin devant le restaurant Le Fouquet’s, avant d’être repoussés avenue George V, selon un journaliste de l’AFP sur place.
« Notre détresse est réelle. Nous demandons à rencontrer le président. Nous sommes prêts à rester aussi longtemps qu’il le faudra », a clamé le président de la FDSEA de Seine-et-Marne, Cyril Milard, au mégaphone.
Dénigrement et distorsions
« Je soutiens la colère des agriculteurs et cette manifestation, il y en a assez de ce dénigrement », a assuré le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume, mercredi matin au micro d’Europe 1.
Avec cette mobilisation, qui doit s’étendre dans toute la France au fil de la journée, les agriculteurs entendent exprimer leur désarroi face aux difficultés économiques qui s’accumulent et à la défiance d’une partie des citoyens.
A Toulouse, des agriculteurs ont dénoncé la distorsion de concurrence entre produits français et produits venant de l’étranger, dont les normes de production sont moins contraignantes qu’en France, en investissant les secteurs fruits, viande et conserves du Marché d’intérêt national (MIN).
« L’Etat laisse faire cette distorsion de concurrence », a dénoncé Luc Mesbah, de la FDSEA de Haute-Garonne, en montrant l’exemple de deux boîtes de cassoulet, de même poids, l’une contenant des produits d’origine locale, à 4,30 euros (HT), l’autre à 0,98 euro, avec des produits d’origine UE, sans autre précision.
🔴Les #agriculteurs estiment vouloir passer la nuit sur le #périphérique parisien . Le président Macron n’a pas répondu à l’appel de la @FNSEA et ne souhaite pas les rencontrer.#sauvetonpaysan #agriculture pic.twitter.com/zhVdlzLe5L
— Thomas 11 (@Thomas39828223) November 27, 2019
« Là, il faut que ça paye »
La Loi dite Egalim, issue des Etats généraux de l’alimentation et mise en place en début d’année, était censée ramener du revenu dans les cours des fermes en rééquilibrant les relations commerciales, mais jusqu’ici les agriculteurs disent ne pas vraiment voir de différence.
Les manifestants veulent donc mettre la pression sur la grande distribution et ses fournisseurs, alors que viennent de commencer les négociations commerciales annuelles qui fixent les prix pour un an.
« Nous sommes à mi-parcours de cette expérimentation. La loi prend réellement effet maintenant. L’année dernière c’était l’année zéro, les négociations commerciales avaient eu lieu sans que la loi porte ses fruits. Mais aujourd’hui, c’est le début de nouvelles discussions, et là, il faut que ça paye », a ajouté le ministre de l’Agriculture.
L’enseigne Lidl, mise en cause par la présidente de la FNSEA, a indiqué « partager la détresse des agriculteurs mais absolument pas les propos tenus par Christiane Lambert: elle évoque un prix du kilo de steak haché trop faible chez Lidl, alors que ce dernier était le plus élevé parmi toutes les enseignes de grande distribution »