L’esprit, il faut parfois l’insuffler! «On a constaté que la réalisation de certains projets peut être retardée si le quorum n’est pas atteint en AG. Une pénalité de 50€ pour ceux qui ne viendraient pas en réunion a d’abord été envisagée. On a préféré demander à chacun 50€ en frais généraux, qui sont remboursés sous forme de ristourne à celui qui fait acte de présence.»
Au diable la réunionite
C’était le bon choix pour l’ambiance! La cuma se réunit au moins deux fois par an en assemblée plénière, une en juin pour l’AG et une en décembre parce qu’il y a plus de temps à consacrer à l’administratif ou aux commerciaux. «Nous sommes toujours transparents vis-à-vis des adhérents car nous admettons le droit à l’erreur. La critique constructive ne nous dérange pas. Mais je fais tout pour ne pas dériver en réunionite. Sinon, je suis le premier à m’ennuyer!»
Géry Desmons tient aussi au partage des valeurs. «Nous sommes devenus plus sélectifs aussi vis-à-vis des nouveaux. Plus question d’admettre des clients qu’on ne verra jamais, et qu’on ne peut pas exclure ensuite. Ceux qui entrent doivent être prêts à s’investir dans l’esprit collectif, à comprendre les contraintes de coût induites par le partage.»
Au quotidien, l’essentiel repose sur le duo président-trésorier. «Je peux avoir spontanément une idée et être suivi. Ou pas, comme avec l’agenda et le carnet électronique… Quitte à devoir mettre des compteurs partout pour ceux qui oublient de remplir le carnet.» Pas facile avec le désherbage mécanique, non plus. «Le groupe qui s’est constitué correspondait à celui du GDA impliqué dans le GIEE sur la réduction d’intrants. La plupart s’y intéresse aujourd’hui seulement du fait des restrictions phytos, de la pression médiatique.»
À l’achat, la cuma privilégie le matériel ultraperformant. «D’une part parce que les pannes sont coûteuses, d’autre part parce que le matériel est facile à revendre. Si une machine marche mal, on s’en débarrasse avant que le groupe n’éclate à cause de ceux qui ne respectent plus leur engagement.» Géry Desmons tient à ce que chacun ait une mission. «Être responsable d’un matériel, c’est aussi gérer le planning, s’assurer de l’entretien hivernal, et faire la police lorsque c’est nécessaire.»
Pas le prix à tout prix
La cuma ne cherche pas le prix à tout prix. «Par exemple, on pourrait n’avoir qu’une presse, on en a cinq parce qu’on tient à en disposer sans trop de contraintes pour la bonne entente.» Celle-ci favorise l’écoute de ceux qui ont une bonne idée. «Nous venons ainsi d’équiper le déchaumeur à disques d’un semoir à petites graines.» La cuma n’a ni bâtiment en propre ni personnel, «dans le secteur, les groupes d’entraide se forment spontanément pour les chantiers et nous avons la chance d’avoir encore plein de petits ateliers tout autour.»
Mais pour faire la fête, pas besoin de local. «Fin juin après l’AG, l’esprit cuma se partage en famille autour d’un barbecue. Après un parcours de pêche ou, qui sait, bientôt une descente en canoë pour innover?»