En trois ans, la cuma de Vigy, en Moselle, a doublé les surfaces d’ensilage, passant de 750 à environ 1 600 ha. Cette évolution, le groupe d’agriculteurs la doit à l’arrivée d’une société de méthanisation, en 2019, qui a dynamisé la section. « Les éleveurs de vaches laitières sont de moins en moins nombreux dans notre région et notre activité d’ensilage devenait moins rentable, se souvient Mathieu Guillon, président de la cuma. En 2018, nous avions 500 ha d’ensilage et nous disposions d’une Claas Jaguar 940 qui nous suffisait. »
Plus de 1 600 ha à ensiler à la cuma de Vigy
Mais c’était avant. Depuis, l’ensileuse a été revendue au profit d’une plus grosse capable de manger plus de 1 600 ha de cultures dérobées, d’herbe ou encore de maïs. « Tout ce qui peut être semé, peut être ensilé grâce à notre Krone big X 880, ajoute Julien Jayer, chef de l’atelier de la cuma. Maïs, sorgho, céréales, colza, herbe, méteil, tout y passe. » Pour en arriver là, la section ensilage de la cuma a dû revoir les dimensions de son automotrice. « En voyant les surfaces augmenter, nous avons acheté une Krone 680 en 2020, explique le président. Cette année-là, elle a ensilé plus de 1 200 ha. Mais le moteur n’était pas assez puissant, le débit de chantier trop réduit, nous avons donc investi dans une machine plus grosse la campagne suivante. »
Lors de la réflexion sur l’achat, les agriculteurs se sont posé la question de renouveler ou non l’ensileuse Claas déjà présente. « Nous avons imaginé acheter une machine supplémentaire, du même gabarit, explique Mathieu Guillon. Cette hypothèse imposait que nous ayons deux chauffeurs et les frais d’entretien auraient doublé eux aussi. Au risque d’augmenter le coût de chantier. » Cette éventualité a vite été balayée, d’autant plus que les parcelles du secteur de la cuma sont assez grandes.
Une ensileuse plus puissante avec plus d’options
Le choix s’est donc porté sur une automotrice plus puissante, avec davantage de couteaux, mieux équipée et avec plus d’options. « La machine est équipée de becs d’une largeur de dix rangs pour l’ensilage de maïs, qui représente 750 ha environ, détaille le chef d’atelier, Julien Jayer. Il y a un pick-up pour récolter les 200 ha d’herbe et une coupe directe pour tout ce qui est méteil, ce qui représente 600 ha environ. »
Que les cultures soient destinées à l’élevage ou à la méthanisation, le travail de la machine diffère. « Pour un ensilage destiné à l’élevage, on coupera le végétal à une grandeur de 15 mm, tandis que, pour le méthaniseur, la culture devra être hachée beaucoup plus finement, autour des 5 mm, précise le technicien. Cela demande plus de puissance, ce qui est possible avec notre machine. »
Ensileuse polyvalente
« En quatre ans, la puissance de l’ensileuse a été multipliée par deux, tout comme la surface mais nous n’avons pas fait bouger le coût de chantier », aime rappeler Mathieu Guillon.
Actuellement, il est estimé à 100 €/ ha avec chauffeur compris mais hors carburant. Cette prestation complète assure un débit de chantier de 6 ha/h. « Bien sûr cela varie selon les années et la biomasse présente, relativise le chef d’atelier. Cette année nous restons dans la moyenne pour le moment, alors qu’en 2021, nous tournions autour des 3 ha/h. »
Ce qui fait varier le débit du chantier c’est aussi le transport et le tassement du silo. À la cuma de Vigy, c’est à la charge de l’agriculteur.
« Nous mettons à disposition gratuitement les trois bennes de la cuma, précise son président. Nos salariés peuvent aussi venir les conduire à un coût de 30 €/h. »
Dans le même objectif, le groupe a investi pour les ensilages de maïs dans une autochargeuse de 40 m3. Utilisation payante mais souvent sollicité pour les agriculteurs qui réalisent un chantier seul ou qui ont un parcellaire éclaté. « Où on peut aller vite, il faut y aller », tel est donc le credo de la cuma de Vigy.
Instaurer des règles
Pendant cette même période, le nombre de personnes engagées dans la machine est passé de 15 à 25. Cette section représente 80 % de l’approvisionnement de l’unité de méthanisation. Pour limiter l’attrait, il a fallu instaurer des règles.
« Nous avons décidé de récolter uniquement le maïs que nous avons semé, déclare Mathieu Guillon. Cela nous a permis d’investir dans deux semoirs assez compétitifs. On veille ainsi à la rentabilité de tous les outils. » Même stratégie pour le binage du maïs.
Panne interdite pour l’activité ensilage de la cuma de Vigy
L’investissement dans cette ensileuse permet aussi de récolter les cultures dans de bonnes conditions. Même s’il y a un chauffeur, « c’est l’agriculteur qui décide, c’est sa machine, répète Julien Jayer, aussi conducteur de l’ensileuse. On passe le temps qu’il faut, on attend que les conditions soient meilleures si besoin. On évite de travailler la nuit… »
Toutefois, lorsqu’elle est en plein chantier, l’ensileuse, pour conserver sa rentabilité, doit tourner. Pas question d’avoir une panne. D’où le choix d’acheter une machine neuve et de la renouveler rapidement. « Même si la cuma emploie deux mécaniciens, on ne peut pas se permettre d’avoir des frais, lance le président. D’autant plus que l’ensilage de cultures destinées au méthaniseur n’épargne pas la machine. Plus fin, moins sec, on a remarqué qu’elle s’usait beaucoup plus vite. »
L’hivernage est assuré par les deux mécaniciens, mis à part cela, aucuns frais n’ont été payés depuis ces deux campagnes.
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