Les projections réalisées situent le nombre d’exploitations agricoles françaises à 328.000 en 2025. Le chiffre déclinerait de 22% par rapport à 2014. En cette fin d’année 2016, une thèse de la chaire Entreprise et économie agricole (1) revient sur l’évolution, depuis 2003, du nombre d’exploitations connues de la base de données de la MSA et présente une projection de cette démographie, dans des conditions stables, à l’horizon 2025.
Á partir de la période 2003-2014, «nous avons établi un taux de renouvellement des génération (TRG) d’environ 64%», explique Legrand Saint-Cyr, doctorant portant la thèse. «Cela signifie que, lorsque deux nouvelles structures entrent dans la base de données, trois en disparaissent.»
Plus de changements de structures chez les petites surfaces
Á Rennes, Legrand Saint-Cyr faisait une présentation de ses recherches concentrée sur la Bretagne. Les projections issues du modèle construit indiquent que le paysage agricole de la région pourrait légèrement évoluer vers un peu plus de diversité, avec une proportion de structures en bovins laitiers à la baisse, au profit par exemple des systèmes « autres ruminants ».
Dans son travail, il a aussi détaillé des catégories d’entreprises en fonction de leur surface. Il en ressort que «plus l’exploitation a de surface, moins la probabilité qu’elle disparaisse du système est faible.» Ainsi le TRG à partir de 100ha de SAU dépasse 1: dans ces groupes, il y a plus d’entrées que de sorties constatées. Dans le groupe sans SAU (systèmes hors-sol) aussi, le TRG est supérieur à 1, mais avec des taux d’entrées et de sorties bien supérieurs à ceux des autres groupes, de l’ordre de 15%.
Par ailleurs, les publications de thèse reviennent sur l’agrandissement des structures. Legrand Saint-Cyr les corrèle notamment à la progression des formes sociétaires qui devraient devenir largement majoritaires. Á la table ronde organisée dans le prolongement de la journée, Jean-Christophe Roubin, directeur Agriculture du Crédit agricole, confirme: «Une explication est que l’individuel ne peut plus assumer l’intensification capitalistique.» Virginie Allaire-Arrivé, directrice de Coop de France Ouest, ajoute : «Quelle que soit la structure, sa taille a un effet sur sa capacité de gestion des risques. Avec des entreprises plus grosses, l’approche de la gestion et du management diffère de celle que nous connaissions dans le modèle traditionnel. Le rôle de gestionnaire qu’a l’agriculteur devient plus important que celui de production.» Le métier évolue. «Il se complexifie.»
(1) Chaire créée en 2013 par Agrocampus Ouest et le Crédit agricole de Bretagne. Son site ici