Changements de pratique : des cuma engagées

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Changements de pratique : des cuma engagées

Jean-Marc Contet, responsable d’équipe agronomie et environnement à la chambre d’agriculture.

Depuis une dizaine d’années, un certain nombre d’agriculteurs de l’Ain sont fortement engagés dans une réflexion agronomique et productive qui les conduit à modifier leurs pratiques et avoir recours à de nouvelles techniques telles que le semis direct, l’implantation de couverts végétaux, la recherche d’une bonne valorisation des engrais de ferme sur leurs parcelles ou encore le remplacement des herbicides par des matériels de désherbage mécanique.

La fdcuma et la chambre d’agriculture sont partenaires dans l’évolution des pratiques agricoles qui se développent dans le département. Dans cette organisation, la fdcuma accompagne les cuma dans l’organisation et la mise en place des chantiers, la recherche de matériels adaptés et l’acquisition de références technico-économiques pour apporter une aide à l’investissement. La chambre d’agriculture apporte aussi son expertise au niveau agronomique, économique et environnemental.

Des défis à relever

« Avec la fdcuma, nous travaillons principalement sur deux grands axes qui sont la gestion des effluents d’élevage et la simplification du travail du sol », explique Jean-Marc Contet, responsable d’équipe agronomie et environnement à la chambre d’agriculture. « Pour la gestion des effluents, certains aspects réglementaires vont évoluer comme la disparition pratiquement certaine des épandages avec buses palettes. Il y a aussi une forme de pression sociétale pour une moindre utilisation des produits dits chimiques. »

« Il y a aussi une logique de la part des agriculteurs de vouloir mieux valoriser économiquement ces effluents. La question est comment en faire un véritable fertilisant et les apporter le plus près possible des besoins des cultures. Tout cela en respectant les aspects environnementaux, techniques, agronomiques, économiques et organisationnels ? »

Au niveau technique, si on veut amener les effluents sur maïs, cela veut dire un passage mi-mai début juin. En céréales, l’apport de lisier avec le matériel d’épandage sans tonne de la cuma de l’Ain Compost fonctionne en février mais, en mars-avril, avec une culture plus développée, il faut un autre système. Avec les différents matériels sur le marché (Dua-Ferti, automoteurs…), les possibilités d’apports sur cultures développées existent mais l’investissement important demande de s’organiser en chantiers collectifs.

Encore plus de collectif

Au niveau de l’organisation, la logique est d’aller vers un service complet. Les cuma savent s’organiser pour réaliser des chantiers d’ensilage. L’épandage des effluents reprendra certainement cette organisation. L’idée est comment sur un territoire peut-on mailler un certain nombre de matériels complémentaires ? N’y a-t-il pas une réflexion à conduire pour renforcer le travail en inter-cuma ? Au niveau économique, le coût de l’épandage sera supérieur et sera-t-il compensé par la diminution des apports d’engrais chimiques ? Quel sera l’influence des nouveaux matériels sur le tassement du sol ? « Nous allons voir une évolution au niveau de la valorisation des effluents et de l’utilisation des fertilisants, un changement de modèle dont la réussite passera par le collectif. »

Saisir les opportunités

Depuis quelques années, des investissements dans des semoirs pour le semis direct sont réalisés par les cuma de l’Ain et la tendance se développe. Le premier objectif était de pouvoir implanter des couverts. Le semis direct est aussi une opportunité de supprimer une ou deux façons culturales suivant les possibilités. « Aujourd’hui, soit on augmente les rendements, soit on joue sur les charges. Le semis direct est une approche pour réduire les charges de mécanisation et jouer sur la marge. » La chambre d’agriculture et la fdcuma travaillent à l’acquisition de références technico-économiques afin de pouvoir aider ceux qui se posent des questions à prendre des décisions. « Il faut rester vigilant car le passage au semis direct demande la modification de certaines pratiques et un état du sol qui le permette. »

Optimiser le désherbage mécanique

Le désherbage mécanique est réalisé sur une période restreinte en jouant avec la météo. Les agriculteurs doivent être plus attentifs au développement des mauvaises herbes de manière à ne pas intervenir trop tardivement. Cela oblige à plus d’observations sur les cultures. Au niveau économique et organisationnel, les chantiers de désherbage mécanique en service complet pouvant en plus être couplés avec l’apport d’urée permettent d’optimiser la technique et d’amortir les coûts.

Des changements de pratiques difficilement monnayables

Tous ces changements de pratique ne sont pas forcément moins chers. Ils répondent aussi à une attente sociétale et environnementale qui n’est pas forcément monnayée aujourd’hui. Il faudra donc aussi faire savoir que les agriculteurs répondent à ces attentes.

« On se dirige vers des techniques permettant de rendre le système d’exploitation plus efficient. Le corollaire est que ces techniques sont de plus en plus pointues ce qui complexifie les choix et les investissements. Il y a donc un besoin d’acquérir de l’expertise pour prendre des décisions. » 


Cet article est issu du spécial Ain de mai 2019.

Sélectionner deux matériels de la même famille pour les comparer