« C’est une très grande déception. La réponse n’est absolument pas à la hauteur du problème et de la gravité de la situation », a réagi M. Langlois, président d’Interbev (Association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes), dans la foulée des annonces du gouvernement. Celles-ci prévoient notamment un suivi des impacts du traité sur l’élevage, mais aussi un renforcement des contrôles menés au sein de l’Union européenne (UE) sur les produits interdits en Europe, ou encore un recours plus systématique aux étiquetages précisant l’origine et le mode de production des produits alimentaires.
« On ne répond pas du tout aux questions et aux problématiques qui ont été relevées par la commission d’experts qui avait été missionnée par le président de la République (Emmanuel Macron), qui a mis en lumière les risques qu’il y avait à importer ces viandes canadiennes », a poursuivi M. Langlois, dont l’interprofession réclamait une renégociation pure et simple du Ceta.
« On ne comprend pas qu’on puisse prendre une telle position en plein états généraux (de l’Alimentation), où on nous demande de sauvegarder la souveraineté alimentaire française, c’est-à-dire d’avoir une agriculture et des produits qui soient pour les citoyens sains, une agriculture saine, durable, et respectueuse de l’environnement et de l’autre côté accepter des viandes qui sont produites dans des conditions qui ne respectent aucun de ces critères, à savoir la santé, l’environnement, le bien-être animal », a-t-il ajouté.
« La seule réponse, c’est de demander aux parlementaires de voter non à la ratification de ce traité, pour qu’il soit renégocié en excluant la viande bovine », a conclu M. Langlois. « On est déçu parce qu’on sent qu’il y a une volonté de faire passer cet accord un peu en force de la part du gouvernement », a estimé pour sa part Bruno Dufayet, président de la Fédération nationale bovine (FNB, branche de la FNSEA).
Dénonçant de « grandes annonces très creuses », il estime que « l’Etat a conscience qu’on va vers une catastrophe pour la viande bovine »: « on fait ce constat-là, quand on regarde les mesures, et dans le deuxième temps on demande aux députés de ratifier l’accord », fustige-t-il, dénonçant une « incohérence politique » et une volonté de « calmer la fronde », y compris au sein de La République en Marche (LREM).