Lors d’un atelier «innovation sociale», organisé par Coop de France Midi-Pyrénées en juin, Marie-Christine Dupuy, directrice administrative et financière de la Cave coopérative Plaimont Producteurs, est revenue sur les raisons de cette organisation et l’impact sur le fonctionnement au quotidien.
Des vignerons et des salariés-collaborateurs
La cave a été créée il y a quarante ans. Elle est aujourd’hui dans une phase de transmission, explique Marie-Christine Dupuy, avant de poursuivre: «Nous avons des vignerons très impliqués: on est parti de rien, il a fallu qu’ils restructurent un vignoble essentiellement armagnacais. Et ça continue au niveau des encépagements. Nous les avons emmenés dès la création vers le marché. Chaque vigneron doit quelques jours de ‘marché’ au collectif. Ça leur permet d’aller au contact des clients, qui peuvent leur dire si le vin qu’ils produisent est adapté à leur goût. Notre métier est aussi en pleine évolution environnementale et technique. C’est très important pour nous d’anticiper, d’évoluer avec toutes ces valeurs qu’on essaie de cultiver.»
Penser les uns aux autres
«Les collaborateurs doivent partager notre projet d’entreprise. C’est par leur implication, leur envie de venir travailler que l’on gagne un peu plus vite, quelques points de performance supplémentaires, ou que l’on vend quelques bouteilles en plus. Chacun d’entre nous a un rôle dans ce collectif.» Deux constats ont été faits:
1) leur modèle d’implication collective allait à contre-courant d’une tendance sociétale individualiste, de l’accomplissent personnel de l’individu, alors qu’ils croient tous ensemble à leur projet. Il faut aller chercher un «plus», pour justifier à leurs collaborateurs, l’envie de continuer dans de bonnes conditions bien sûr, mais aussi en pensant au vigneron qui est à la vigne quand il pleut et que le vigneron pense au collaborateur, quand par exemple il est commercial et passe ses nuits à vendre du vin.
2) Le deuxième constat : des difficultés à intégrer de nouveaux collaborateurs surtout parce que ils sont basés en milieu très rural. Ils ont beaucoup de mal à intégrer aussi les conjoints dans la vie économique des territoires.
«Nous avons souhaité montrer qu’on est une entreprise capable de se réinventer, innovante en termes de ressources humaines. D’où l’idée de donner la possibilité à nos collaborateurs d’être associés personnellement au capital de Plaimont.»
Un symbole fort
Le capital social a été ouvert il y a 2 ans, dans le cadre d’un Plan épargne entreprise. «Nous étions persuadés qu’il fallait montrer à nos vignerons qu’en tant que collaborateurs, nous sommes pleinement intégrés dans ce projet et qu’on y croit à 300%», complète Marie-Christine Dupuy.
«La possibilité de devenir associé est un symbole fort. On n’a pas voulu aller chercher des montants astronomiques. Le niveau d’entrée est accessible à tous les collaborateurs.» Au-delà du sociétariat, leur volonté est d’aller un peu plus loin dans un partage de responsabilités, de décisions prises au sein du conseil d’administration de Plaimont donc ils ont voulu, quand ils ont créé le collège des collaborateurs, intégrer deux salariés à part entière, devenus administrateurs. Ils ont souhaité avoir un cadre et un non-cadre.
«Humainement parlant, tous nos collaborateurs doivent se retrouver dans ce projet. Nous avons des chaînes de mise en bouteille, un atelier industriel. C’est important que toutes les familles de salariés aient ce pouvoir décisionnel et ce droit de parole et créer des synergies avec nos vignerons.
Un des axes du projet d’entreprise, c’est faire rêver le client. Pour moi, c’est aussi faire rêver les vignerons et faire rêver les collaborateurs. On essaie d’avancer dans une fragilité économique permanente, par contre avec cette certitude que nous construisons aussi pour l’avenir de nos enfants», conclut Marie-Christine Dupuy.