Produits chimiques, nos enfants en danger» : le nouvel épisode de Cash Investigation a réuni plus de 3 millions de téléspectateurs devant le petit écran, le 2 février. «Ils sont invisibles mais ils sont partout, dans les aliments que nous mangeons, dans l’eau que nous buvons, dans l’air que nous respirons, et nos enfants sont en première ligne », déclare Elise Lucet en tout début de reportage. En quelques mots, le ton est donné.
Après un an d’enquêtes, ce documentaire a révélé la carte de France des départements qui utilisent le plus de pesticides. La Gironde, la Marne et la Loire-Atlantique arrivent largement en tête.
Des molécules comme l’atrazine, relativement inconnues du grand public, font maintenant partie des mots clés les plus utilisés sur les réseaux sociaux. «Nombre des informations livrées dans ce documentaire étaient connues, au moins des spécialistes. Une fois rassemblées et incarnées par des visages de parents inquiets et d’enfants au regard perdu, elles prennent un nouveau relief», constate la journaliste Martine Valo, dans un article paru dans le journal Le Monde et intitulé Révélations de « Cash investigation » sur l’agriculture qui tue.
Déferlante de tweets
Dès le lendemain de la diffusion, une déferlante de tweets agitait les réseaux sociaux. Dans la nébuleuse, les agriculteurs et leurs représentants ont tenté de faire entendre leur voix. Ils sont d’ailleurs divisés sur le sujet.
Nous mettons bcp moins de phytos qu avant et notre but est d’en mettre encore moins pour faire vivre nos sols #CashInvestigation
— minet (@cedricminet02) 2 Février 2016
En fait c’est qui vrai responsable???… Chacun d’entre vous qui veut tj aliments à moindre prix !!!!!!!! A réfléchir!!! #CashInvestigation
— Heim Rémy (@remy67600) 2 Février 2016
#Pesticides : L’alimentation en question | https://t.co/vmLWBkqtfq #CashInvestigation
— Conf’ Paysanne (@ConfPaysanne) 3 Février 2016
@FNSEA Je demande des excuses publics de la part de @France2tv et @EliseLucet pour #CashInvestigation #agriculture #verite #pesticides
— barrier marc (@barrier_marc) 12 Février 2016
Chiffres bidons
Les chiffres mis en avant par Cash Investigation font l’objet de polémiques. Les journalistes se sont ainsi mélangé les pinceaux en affirmant que «97% des aliments contiennent des pesticides». Plusieurs médias, dont Libération, font écho de cette grossière erreur :«Ce n’est pas parce que l’Efsa indique que ‘plus de 97 % des aliments contiennent des résidus de pesticides dans les limites légales’, que 97% des aliments contiennent des résidus de pesticides (…). 42,8% contiennent des résidus détectables mais ne dépassent pas les limites autorisées, alors que 54,6%… ne contiennent aucun résidu détectable», écrit Pauline Moullot.
Quand @EliseLucet nous raconte des salades https://t.co/QWfXYhcp2r
— Emmanuel Grenier (@emgrenier) 10 Février 2016
Une manif’ à Bordeaux
Au-delà de la validité scientifique de cette enquête, son impact sur le grand public est très important. Une manifestation a eu lieu dimanche à Bordeaux contre l’usage des pesticides, réunissant autour de 500 personnes. Elle était organisée par la Confédération paysanne de Gironde et plusieurs autres associations, dont Générations futures.
Quelques jours après le #CashInvestigation sur les #pesticides, manifestation à Bordeaux ce jour @EliseLucet @LucHermann @APivot @sudouest
— Antoine Boilley (@antoineboilley) 14 Février 2016
E-reputation : et les grands perdants sont…
Sur son blog, un consultant en veille et e-réputation propose une analyse intéressante de l’impact des réseaux sociaux sur l’image des acteurs concernés, dans un article intitulé Quand les pros des pesticides polluent leur propre image. Les grands perdants sont bien sûr les «Big 6» des pesticides : Syngenta, Bayer, BASF, Dupont, Monsanto, Dow… Ainsi que les élus politiques qui étaient présents lors d’un diner avec le représentant de Syngenta en France.
L’expert des réseaux sociaux explique: «En analysant via Visibrain les quelque 50000 tweets échangés pendant et après l’émission, nous allons pouvoir constater que ceux qui refusent de communiquer pour éviter d’être filmés sous un mauvais jour sont, encore une fois, toujours perdants». A ce jeu-là, Stéphane Le Foll ne s’en serait pas trop mal sorti: «Le ministre de l’agriculture ne s’est pas trop mal tiré de l’exercice, même si sa crédibilité a nécessairement été mise en mal». Ni Jean-Charles Bocquet, patron du lobby européen des Pesticides, l’ECPA (Association Européenne de Protection des Plantes),«qui est le seul à avoir accepté une interview et de participer au plateau de la fin de l’émission».