Les producteurs de lait « ne peuvent plus attendre un hypothétique éclaircissement dans les marchés laitiers. Ils ont besoin de prix tout de suite pour permettre de rémunérer leur travail », a ainsi expliqué Didier Lucas, président de la FDSEA des Côtes d’Armor, à l’occasion d’une session de la chambre régionale d’agriculture. « Aujourd’hui, des stocks de semences restent bloqués chez les fournisseurs, faute de trésorerie pour apurer les dettes. Ce qui ne fait qu’aggraver une situation déjà critique en compromettant la campagne fourragère » à venir, a mis en garde le responsable syndical.
Cette mobilisation intervient alors que les transformateurs – industriels et coopératives – s’apprêtent à fixer le prix d’achat du lait aux producteurs pour les mois à venir. Les agriculteurs ont ciblé les responsables de coopératives, censées défendre les intérêts des producteurs qui en sont membres. En 2016, les résultats financiers des transformateurs, « notamment coopératifs, ont été importants, pour ne pas dire scandaleux » quand les producteurs sont dans la « détresse », ont-ils souligné.
« Comment expliquer ce manque de transparence de la part des coopératives alors que le besoin premier des producteurs et/ou coopérateurs reste un prix juste et équitable? », s’est interrogé le président de la FDSEA, constatant: « Où va la valeur ajoutée? Pas aux producteurs ». « La filière n’aura un avenir que si sa base se maintient, vit décemment et peut investir pour améliorer son outil », ce qui est « inenvisageable au regard des rémunérations actuelles proposées », a conclu Didier Lucas.
Les producteurs, dont une délégation a été ensuite reçue à la préfecture, se sont donné rendez-vous devant les laiteries mardi prochain pour prendre connaissance des propositions de leurs acheteurs pour les prochains mois. Selon le syndicat, les arrêts en production laitière « sont deux fois plus importants en Bretagne que d’habitude ».
Dans les Côtes d’Armor, le coût de production d’équilibre moyen des exploitations « se situe autour de 340 euros pour 1.000 litres. Le prix payé ne le couvre pas, avec un différentiel de 20 euros en 2015, 50 euros en 2016 et 25 euros en 2017 au regard des perspectives annoncées », précise le syndicat, rappelant que « chaque exploitant génère sept emplois directs et autant d’emplois indirects ».