Le bonheur, dans la liste des thèmes proposés en conférence au Space, l’idée n’est pas banale. D’autant moins banale que l’initiative en revient à un organisme de gestion et comptabilité. «Icoopa démontre qu’on peut parler de chiffres économiques et de bonheur au travail», souriait Olivier Roppert, responsable de l’organisation en introduction. Des témoignages démontraient que l’organisation dans son travail, la sérénité, la communication et la congruence de ses pensées, de ses actes et de ce que l’on défend sont autant de clefs du bonheur au travail pour l’humain et de réussite économique de l’entreprise. «Des études montrent qu’un collaborateur heureux est neuf fois plus fidèle, a deux fois et demi moins de chances de faire un burn-out, est plus efficace au travail…», liste Hélène Hijazi. Elle conclut: «Il coopère mieux aussi, car quand on est bien avec soi on est mieux avec l’autre.»
Levier de durabilité
Pour le compte de la Fabrique Spinoza (Think-tank du bonheur citoyen), elle intervient pour développer le bonheur en entreprise, sur une base simple: « Dans les années 90, on a obligé les entreprises à travailler sur les sujets émergents qui étaient le stress au travail, les risques psycho-sociaux… Mais on s’aperçoit que ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de souffrance qu’il y a un bien-être.» Et en des temps où les employeurs expriment régulièrement leur difficulté à attirer et retenir des salariés, l’analyse mérite d’être approfondie. «Un bon salaire et de la sécurité de l’emploi, c’est important, mais ce n’est plus suffisant pour attirer et fidéliser des collaborateurs», souligne l’intervenante. Et de rappeler les items de la pyramide de Maslow ou les dimensions du bien-être au travail schématisé par la Fabrique Spinoza.
40% des causes du bonheur sont maîtrisables
Trois agriculteurs témoins étaient invités à partager leur expérience du bonheur au travail. Ils illustraient que les principaux leviers pour accéder à ces objectifs ne sont pas strictement les mêmes pour tout le monde.
Chez Myriam, le bon équilibre des vies familiale et professionnelle est essentiel. On se rend compte que «ne pas rester seul sur son exploitation, c’est un levier important pour développer le bonheur au travail en agriculture». Delphine souligne pour sa part: «J’adore travailler seule chez moi», autant que «partager lors de formations ou dans des engagements personnels ou professionnels à l’extérieur.» Avec le lapin, la jeune femme a trouvé une production avec un cycle court qui la fait avancer. «On se remet en question régulièrement. Ce qui a marché avec un lot peut ne pas fonctionner six semaines plus tard avec le suivant», explique-t-elle sans perdre de vue qu’elle a besoin de sérénité. «A mon installation, j’avais impression qu’à la moindre erreur, je mettrai la clef sous la porte. Grâce à une formation sur la confiance en soi, j’arrive désormais à dédramatiser.»
Hélène Hijazi commente son témoignage en développant le concept du flow: «Il faut rester dans ce que l’on sait faire», pour ne pas être débordé par l’anxiété, «mais se mettre des défis» pour ne pas sombrer dans l’ennui. Car si le bonheur puise sa source dans la génétique (pour 50%) et l’environnement (pour 10%), «il dépend aussi des choix que nous faisons». 40%, l’optimiste constatera que ça laisse une belle marge d’action.