Les exploitations agricoles périgourdines disposent souvent de ressources en bois ou autre combustible biomasse comme la coquille de noix. Elles ont, à travers le réseau des cuma, notamment, les matériels pour l’exploiter. Voici trois cas concrets de projets d’usage du bois-énergie portés par des exploitants agricoles.
1 ha de forêt pour chauffer 1 ha de serres de fraises
Le premier exemple est celui de Daniel Delmares, dont l’exploitation se situe sur la commune de Journiac. Ce dernier a trouvé la biomasse comme énergie de substitution. Auparavant, il chauffait au gaz ses serres dédiées à la culture des fraises hors sol. Or, cela lui a permis de gagner un mois de production. Il peut ainsi également maîtriser ses coûts d’exploitation en divisant par quatre la facture énergétique. Son bois provient en outre des 40 ha de forêt qu’il possède et dont il prélève 1 ha chaque année.
Une cuma pour transformer la matière première en bois-énergie
Pour transformer le bois bûche en plaquette forestière, il passe par une cuma. Donc en circuit court. Il a pu bénéficier à l’époque du plan bois-énergie, financé par la Région, le département et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Cela lui a ainsi permis d’obtenir 40 k€ de subvention, pour un projet à 170 k€. La mise en service a eu lieu en 2015. Grâce à l’économie réalisée sur sa facture énergétique (40 k€ annuels de gaz), il ne lui a fallu que 7 ans pour amortir son investissement.
Plaquette forestière pour réseau de chaleur
Dans la commune de Saint-Félix-de-Villadeix, ensuite, l’Earl Lavernelle, fait de la polyculture élevage (châtaignes, noix, canards, cerf…). Elle développe ainsi une activité touristique autour de l’évènementiel et du gîte. L’exploitation s’est tournée vers le bois-énergie pour fournir les besoins en chaleur des bâtiments via un réseau de chaleur. C’est ainsi qu’elle valorise 44 tonnes de plaquettes forestières (PF) chaque année. Cela représente l’équivalent de 16 tonnes de fuel, pour fournir 160 MWh annuels. À 60 € du MWh avec la plaquette forestière contre 130 € du MWh au fuel, l’Earl réalise une économie de 11 k€ chaque année sur le combustible.
Le bois-énergie, un investissement bien subventionné
Ce projet, d’un montant de 115 k€, a aussi bénéficié d’une subvention de 75 k€ grâce au contrat de développement territorial de l’Ademe. Cette subvention permet d’envisager un amortissement de l’installation sur quatre ans. La fdcuma de Dordogne est partenaire avec le Syndicat départemental d’énergie (SDE) et le conseil départemental (CD), dans le cadre du contrat de développement territorial (CDT). Elle a réalisé l’assistance technique à toutes les étapes et une étude d’opportunité gratuite lors de la réflexion du projet. La mise en service a eu lieu l’hiver 2023.
Des coquilles de noix pour chauffer l’eau des veaux
Enfin, dernier exemple avec le Gaec Les Chapouleix, sur la commune de Saint-Rabier, qui fait également de la polyculture élevage, avec production de noix et veaux de boucherie. La biomasse lui fournit dorénavant l’eau chaude sanitaire (ECS), nécessaire à la reconstitution du lait de buvée des veaux. Il utilise notamment comme combustible les coquilles de noix issues de sa production. Il valorise ainsi 8 tonnes de combustible pour fournir 33 MWh annuels. À 19 € du MWh avec la coquille de noix, contre 130 € du MWh pour le fuel, le Gaec réalise une économie de 3 k€ chaque année. La Région Nouvelle-Aquitaine subventionne à 40 % ce projet de 22 k€, mis en service en novembre 2016.
Soutenir financièrement la transition écologique
La transition écologique et énergétique est un enjeu majeur pour le pays. Les énergies renouvelables peuvent se substituer aux énergies fossiles, mais leur mise en œuvre doit être soutenue. Avec les CDT, l’Ademe soutient les porteurs de projets tels que les collectivités ou les entreprises pour remplacer leur chauffage électrique, fuel ou gaz, par une énergie renouvelable thermique. Le CD de Dordogne s’est associé avec le SDE24 et la fdcuma pour candidater et obtenir la gestion déléguée de ce CDT. Pour monter un dossier de demande de subvention, contactez la fdcuma, qui est votre interlocuteur. Ainsi, les études de faisabilité sont financées à 70 % et l’aide à l’investissement des travaux peut atteindre à 65 %*.
D’autres solutions énergétiques que le bois-énergie
Les exploitations agricoles ont la possibilité de réduire leur coût de fonctionnement et de retrouver une certaine souveraineté énergétique. Une énergie renouvelable, lorsqu’elle est bien choisie, doit permettre son exploitation sur site pour répondre aux besoins énergétiques. Cela peut être la géothermie lorsque le potentiel géothermique existe au droit du site, le solaire thermique en fonction du taux d’ensoleillement annuel et, pour finir, la biomasse si la ressource est présente.
Des retombées locales non délocalisables
Par nature, l’énergie renouvelable utilisée est locale et non délocalisable, ce qui favorise l’économie de circuit court. Dans le cas de la biomasse, la ressource bois peut être transformée et valorisée en combustible par les cuma locales. Pour les équipements, les travaux sont réalisés par des installateurs locaux certifiés RGE. Cela permet la création d’emplois et de filières structurantes dans le bassin économique local. On constate que le développement de projets d’énergies renouvelables peut apporter un triple bénéfice sur le plan énergétique, écologique et économique. Il faut donc promouvoir le CDT pour encourager ces réalisations dans les secteurs public ou privé, et plus particulièrement dans le milieu agricole, qui peut faire la part belle aux énergies renouvelables.
(*) 80% pour les collectivités en cumulant aux subventions de l’Ademe, la contractualisation du département, la DETR et/ou DSIL.
Un animateur spécialisé dans les énergies renouvelables
Après avoir travaillé 7 ans dans le domaine de la physique optique, en bureau d’études à Bordeaux, Simon Salort se reconvertit en moniteur d’équitation et s’installe en Dordogne. Pour accompagner son évolution professionnelle, il rejoint la fédération des cuma de Dordogne en tant qu’animateur spécialisé dans les énergies renouvelables. Un poste « qui a du sens », où il apporte son expertise à des porteurs de projets dotés de profils très variés. « C’est toujours enrichissant de les aider à concrétiser leur projet », souligne-t-il.
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