Les agriculteurs méthaniseurs français se disent satisfaits de leur installation. Les propositions «assez satisfait» et «tout à fait satisfait» rassemblent en effet 83% des réponses dans le cas des unités de cogénération (conversion du biogaz en électricité et chaleur). Cette satisfaction est même de 89% dans le cas des unités d’injection directe de biogaz dans le réseau. Voilà ce que révèle la deuxième phase de l’étude PROdige, publié en mai dernier.
Déception sur la valorisation de la chaleur
Les 57 cogénérateurs étudiés présentent une capacité de production comprise entre 35 et 1.189kWe. Ils atteignent une productivité moyenne de 88%. Plus de la moitié sont en situation de sous-production en raison de différents types de pannes. L’arrêt du cogénérateur, suite à une casse ou une défaillance du moteur, en constitue la principale cause. Toutefois, les exploitants sont satisfaits à 97% concernant la production de biogaz. Ils sont en revanche très partagés à propos de la valorisation de la chaleur. 39% expriment une déception sur cette partie.
Du point de vue de la marge nette1, la moyenne de l’échantillon s’établit à 96.000€ par unité, soit 42€/MWh d’électricité vendue. D’une part, une très grande variabilité caractérise ce critère. En effet, les deux extrêmes sont une marge nette négative de 207.000€ et une positive de 484.000€. Pour l’année étudiée (2017-18 ou 2019-20), 23% des unités en cogénération ont un résultat économique nul ou insuffisant. La satisfaction des exploitants sur le volet économique baisse d’ailleurs à 79%. D’autre part, les unités de petite puissance (moins de 140kWe) ont une marge unitaire globalement deux fois inférieure à la moyenne: 20€/MWh.
Meilleure marge unitaire pour les petites unités d’injection
Phénomène inverse pour l’injection en revanche: dans l’échantillon, les unités de moins de 120Nm3/h bénéficient en moyenne des meilleures marges unitaires. La marge nette moyenne de ce groupe des plus petites unités s’établit à 42€/MWh PCS². Les 27 unités en injection enquêtées produisent entre 70 et 255Nm3/h de biogaz. Leur productivité moyenne monte à 92%. Un tiers d’entre elles sont néanmoins en sous-production par rapport à leur capacité. L’indisponibilité du poste d’injection (du ressort de GRDF) est la première cause d’arrêt. Vient ensuite la panne de l’épurateur transformant le biogaz en biométhane. La satisfaction concernant la production de biogaz est malgré tout de 100%.
Côté marge nette, la moyenne des unités en injection est de 396.500€ par structure, soit 31€/MWh PCS de gaz injecté. Et la disparité est encore plus importante. La marge nette la plus faible est négative à 139.000€, tandis que la plus élevée atteint 988.000€. Pour l’année considérée (2019-20 uniquement), 15% des unités en injection présentent un résultat économique nul ou insuffisant.
Surcroît de travail
Sur l’aspect travail enfin, les exploitants en cogénération sont «assez satisfaits» ou «tout à fait satisfaits» à 84%. Côté injection, la satisfaction est également élevée sur ce critère: 78%. Les réponses mettent en évidence que les difficultés techniques récurrentes que connaissent certains sites entrainent un surcroît de travail non programmé. Ces imprévus nécessitent des interventions rapides exigeant de la disponibilité. Or, ce n’est pas toujours facile quand il faut gérer d’autres ateliers en parallèle. Les tâches administratives sont aussi pointées du doigt comme plus chronophages que prévu.
1. Différence entre les produits et les coûts de production, annuités comprises.
2. Pouvoir calorifique supérieur.
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