Environ 9 145 installations et 70 622 Gigawatts produits en 2012, ou encore plus de 600 kW/h par habitant… Quand on parle biogaz, l’Allemagne reste, et de loin, sinon «le » modèle, au moins celui des pays d’Europe où cette énergie s’est le plus développée. « Mais l’Italie, l’Autriche ou encore la Tchéquie et la Suède suivent – proportionnellement – de près. Il est intéressant de regarder comment ils ont fait pour détecter les moyens de relancer la filière en France(1) » remarque Guillaume Bastide, de l’Ademe. Fin mars à Nantes, lors du salon Biogaz, il a présenté une étude commandée par cet organisme et réalisée par Aile et l’Erep sur 29 pays(2).
Entre accélérateur et frein
Un pied sur l’accélérateur, un pied sur le frein… au fil du temps, la plupart des pays ont adopté ce style de conduite. Ainsi en Allemagne : jusqu’en 2012, on y a développé le biogaz via les cultures énergétiques ; il dévore aujourd’hui 1 des 17 millions d’hectares de maïs du pays. Mais, depuis, le soutien privilégie l’utilisation des déchets et effluents et les installations les plus petites (- de 75 kW électriques). « Pour les autres, les tarifs (237 e/ kW/h maximum) deviennent moins intéressants et souvent conditionnés à la flexibilité de la production selon les pics de consommation (via le stockage du biogaz et le pilotage télécommandé des installations) » remarque Thibaud Chapron (Biogaz Europe). L’Italie, elle, a atteint dès 2012 ses objectifs de 2020 (19 000 GWh/an). Du coup, l’accès aux tarifs aidés - 220 e/MWh au maximum - est désormais soumis à des conditions plus strictes (dégressivité, proportion d’effluents, traitement du digestat). Parallèlement, ce pays veut développer le biogaz GNV (carburant). Cette voie est aussi encouragée, en Suède, où elle représente 60% du biogaz produit et grâce à un tarif « d’injection » : 44 000 voitures et 2 200 bus utilisent déjà un carburant à 60% composé de bio-méthane.
Dans ce panorama - qui couvre 29 pays - un constat toutefois : « A l’exception de la Suisse, aucun pays n’a développé les petites installations », ces moins de 75 kWe les plus accessibles au monde agricole. « Mais cela ne doit pas condamner a priori la création en France d’unités de moins de 100 kWe ! » estime Denis Ollivier, de l’association Trame.
Prédiagnostic en ligne
Vues comme un « atelier de diversification » sur des fermes françaises elles pourraient - outre la production d’électricité - jouer de multiples rôles : « conforter l’élevage là où il est dans la balance, limiter les rejets de gaz à effet de serre grâce au stockage des effluents etc. » A condition de privilégier des investissements simples et maîtrisés (pas plus de 10 000 du kWe), plutôt en infiniment mélangé et co-généré… et bien sûr d’obtenir des tarifs ou soutiens adaptés. Pour encourager cette approche un site internet (bioenergyfarm.eu) permet à chaque agriculteur de réaliser un pré-diagnostic rapide en ligne… Une certitude cependant pour Christian Couturier, vice-président de l’AMF (Méthaniseurs de France) : « Aucun de nos voisins n’a développé le biogaz sans une impulsion forte des pouvoirs publics. » A bon entendeur…