Le binage n’est plus réservé aux cultures en ligne avec des écartements importants entre rangs. Aujourd’hui, l’autoguidage apporte de la précision, ce qui permet de se rapprocher du rang, d’augmenter les vitesses de travail et d’élargir les possibilités à d’autres cultures. Sur des céréales avec un inter rang de 12,5 cm, ou en maraîchage où on se permet de faire le tour de la plante. Quatre constructeurs ont répondu présent à notre invitation, deux bineuses autoguidées, une interface d’autoguidage et une herse étrille rotative ont été présentées. Malheureusement, la météo très capricieuse de ce printemps ne nous a pas permis de les voir évoluer à la parcelle.
En conditions favorables, il est possible d’obtenir une bonne efficacité du binage. Pour autant, la pratique est exigeante et demande de la technicité pour les réglages et du temps, autant pour la surveillance des adventices que pour les interventions.
Les intérêts du binage…
Aujourd’hui le principal intérêt se porte sur la réduction de l’emploi d’herbicides chimiques pour les agriculteurs en conventionnel et représente un moyen efficace de désherber pour les agriculteurs en agriculture biologique. Le binage permet aussi de limiter le ruissellement, ce qui améliore le bilan hydrique de la culture. Il présente l’avantage de pouvoir être mis en œuvre sur l’ensemble du cycle cultural, il permet la destruction de la croûte de battance, le buttage… Les débits de chantier peuvent être importants, si la bineuse est équipée d’un autoguidage et le travail de l’opérateur est ainsi facilité.
…et ses limites
Le contrôle du salissement sur le rang est difficile à gérer. Le buttage du rang ne contrôle que partiellement ce salissement. Il peut toutefois être facilité par l’utilisation d’équipements spécifiques: doigts Kreiss, herse peigne à l’arrière, disques de buttage. Dans tous les cas, les systèmes de guidage améliorent la précision et augmentent le débit de chantier. Les terres caillouteuses vont augmenter l’usure des pièces travaillantes. Les terres en devers ne favoriseront pas la précision du travail.
Les facteurs de réussite
Le binage doit s’anticiper dès le semis et les conditions de mise en œuvre sont primordiales. Synthèse de ces facteurs de réussite (Source : Arvalis-Institut du végétal).
- Parcelle: éviter les parcelles trop caillouteuses et les fortes pentes (devers).
- Flore adventice: le binage est efficace sur la plupart des dicotylédones annuelles, intéressant sur les adventices résistant aux herbicides, notamment le ray grass. Il est d’autant plus efficace que les adventices sont à un stade jeune. Pas d’effet (contre-effet) sur les vivaces.
- Préparation du sol: sol bien nivelé, sans grosses mottes, ni résidus en surface.
- Semis de maïs: semis rectiligne, compatibilité semoir-bineuse (même nombre de rangs).
- Stade du maïs: de 4-5 à 8-10 feuilles, bineuse équipée de protège-plants si stade jeune.
- De 3 à 5km/h en passage précoce, puis 6 à 10km/h sur stade développé, une vitesse élevée permet d’obtenir un buttage sur le rang (projection de terre).
- Réglage agressivité: selon type de dents (rigidité), inclinaison et type de soc
- Réglage profondeur: travail superficiel 3-4cm maxi. Ne pas favoriser les germinations ultérieures et préserver les racines du maïs.
- Météo: temps sec après l’intervention (2 à 3 jours).
- Réactivité: si nécessaire, renouveler l’opération avant 8-10 feuilles (couverture inter-rang).
Des outils complémentaires
La houe rotative, la herse étrille ou l’étrille rotative peuvent aussi être utilisées dans les programmes de désherbage du maïs. Pour une bonne efficacité, ces outils doivent être mis en œuvre «à l’aveugle» sur des adventices non levées ou très jeunes, au stade «fil blanc». En bio, ils sont indispensables et complémentaires de la bineuse. Il faut multiplier les interventions pour obtenir un résultat satisfaisant: plusieurs passages successifs 3-4 jours après le semis, jusqu’à 3-4 feuilles du maïs, suivis d’un ou plusieurs passages de bineuse, selon les conditions.
Nous tenons à remercier le Lycée agricole au travers de la cheffe d’exploitation Manon et du professeur de machinisme Jean-Christophe, pour leur accueil et la mise à disposition des installations.