Pierre Lapeyre est animateur dans le secteur landais de la fdcuma Béarn Landes Pays Basque, une grosse zone de production de maïs grain. Il dresse son bilan de la campagne de récolte 2022. « Dans les secteur à dominante non-irriguée, les rendements ont atteint 30 à 40 quintaux par hectare. C’est moins de la moitié du rendement moyen dans ces secteurs, et même un tiers du rendement de l’année dernière, qui était exceptionnelle. »
Larges zones sans épi de maïs
« Dans les secteurs irrigués, nous avons recensé de bons rendements, mais aussi de très mauvais. »
« La qualité du maïs fait également défaut. Les grains sont petits, peu remplis, et les experts ont constaté que les plantes du milieu de parcelles n’ont pas toujours produit d’épi. C’est ce qui explique aussi les baisses de rendement: de larges zones sans épi, au sein desquelles les plantes étaient complètement stressées. »
« Globalement les maïs ont été atteints par le manque d’eau et la sécheresse, notamment aux périodes critiques que constituent la floraison (on a vu des soies brûlées), et la fécondation. »
La valorisation du maïs grain sur les marchés ne compensera pas
« Les conditions de récolte du maïs grain se sont en revanche avérées excellentes; les chantiers ont été rapides. En cette première semaine d’octobre, j’estime que 90 à 95% des surfaces ont été récoltées sur la Chalosse par exemple. Les livraisons se sont faites en temps réel aux coopératives, avec des maïs parfois très secs, jusqu’à 15% d’humidité. Dans ces cas-là, il n’y pas besoin de sécher, juste de ventiler. Ce qui a pu constituer un bonus étant donné la hausse des coûts de l’énergie. »
« Le maïs a par contre été bien valorisé sur les marchés, autour de 300€ la tonne. Mais ces niveaux de prix ne pourront pas compenser la faiblesse des volumes. Ni le coût des itinéraires techniques, qui ont été impactés de plein fouet par les hausses des coûts générales (matériels, carburants, engrais…). Certains ont produit à perte. »
« Il y a aussi des exploitations qui avaient contractualisé par avance la vente de 30 à 50% de leur récolte, et qui peuvent à peine fournir. Ces agriculteurs se retrouvent sans stock pour le fonctionnement de leur propre exploitation, pour l’élevage ou autre. Ils vont donc devoir aller acheter à l’extérieur ce qu’ils produisent habituellement, à des prix du marché a priori élevés. »
Le facteur « canard »
« L’année dernière, les rendements ont été exceptionnels, et les prix au rendez-vous. Malgré tout, dans ce secteur du Sud-Ouest, cette « poire pour la soif » a servi à absorber l’impact de la grippe aviaire qui a affecté les élevages de canard. Les exploitations ont peu de réserves. »
« Nous sommes donc relativement inquiets. Sur la capacité des exploitations (et donc des adhérents de cuma) à honorer leurs factures. C’est un aspect que nous allons évaluer dans les semaines et mois à venir. Nous serons aussi attentifs à la capacité des adhérents à mobiliser de la trésorerie pour les prochaines mises en culture. »
Enfin, à découvrir également: La JD X9 prouve ses capacités aussi au maïs.