Beaucoup se voyaient déjà autoproduire leur carburant, malgré le scepticisme des constructeurs. Après quelques aléas techniques et une forte hausse des cours du colza, le soufflé de l’huile carburant, dite HVP (comme « huile végétale pure ») est retombé. La Fncuma a néanmoins réalisé un programme de suivi approfondi sur un parc de tracteurs, avec l’Ademe. La Frcuma Rhône-Alpes a de son côté participé avec John Deere au programme européen 2ngVegOil (voir les résultats complets dans le mensuel Entraid’ de décembre 2011).
De la technicité
La Fncuma tire un bilan plutôt positif de ses études, comme l’explique Marie-Laure Bailly, chargée du dossier. « D’un point de vue environnemental, l’utilisation d’HVP comme carburant n’entraîne pas d’aggravation des émissions polluantes, voire les diminuerait ». Sur le plan technique, il se confirme que la production d’un carburant de qualité à la ferme ne s’improvise pas : « Cela nécessite une grande technicité et des investissements importants, dans une unité fixe. L’utilisation d’HVP comme carburant dans les tracteurs agricoles est possible, si l’agriculteur suit scrupuleusement les préconisations, voire investit dans des adaptations et des campagnes d’analyses d’HVP et d’huile moteur ».
Pas rentable
Le programme 2ndVegOil a porté sur des tracteurs conçus à l’origine pour l’huile. Les agriculteurs ont de leur côté poussé très loin le soin porté à la production d’HVP, ajoutant au processus un filtre capable d’éliminer les minéraux indésirables. Ils ont ainsi contribué à bâtir une norme de qualité reconnue en Europe (CWA-16379 pour les intimes). Le résultat de 2ndVegOil s’est avéré très encourageant sur le plan technique. Reste que la conjoncture économique ne favorise pas l’huile, ni les biocarburants en général. Sans compter les débats sur la priorité à donner aux productions alimentaires dans l’utilisation des terres agricoles.
Une médaille d’or pour John Deere
Les bureaux d’étude de la société John Deere ont de leur côté poursuivi les travaux, obtenant au Sima 2013 une médaille d’or pour le tracteur Multifuel. Son moteur fonctionne avec différents carburants, d’origine pétrolière ou agricole, et il les reconnaît automatiquement. D’autre part, il répond aux très sévères normes d’émissions tier 4 final ou stage 4, qui entreront en vigueur à partir de 2014. Ce tracteur n’est toutefois pas commercialisable en Europe, la législation ne reconnaissant que le gazole pour les tests d’homologation.