Votre première année de mandat marque-t-elle une rupture ou une continuité ?
« Je suis administrateur de la FNCuma depuis 2010, et en prenant la présidence, je souhaitais m’inscrire dans la continuité pour consolider les réformes entreprises et pas encore abouties, notamment l’organisation territoriale, le lancement du DiNA Cuma, la gouvernance d’Entraid’ ou des services informatiques. En démarrant ce mandat, nous avons dû faire face à un renouvellement de la moitié du conseil d’administration, et pour que les membres puissent s’approprier rapidement les enjeux et le contexte dans lesquels évolue la FNCuma, un programme de formation a été mis en place, le but tant que les administrateurs puissent se positionner dans leur environnement. J’ai également lancé un deuxième chantier important: revisiter le projet politique. En effet, il date de 2012 ; le monde et l’agriculture bougent très vite et nous avons besoin de définir des positions sur de nouvelles questions, comme par exemple l’économie collaborative, et de les partager. Ainsi le projet politique va être réactualisé et précisé dans sa dimension opérationnelle, pour notre assemblée générale du 30 mai ».
Dans quel esprit avez-vous travaillé ?
« Je suis très attaché à la cohésion du réseau et au partage des décisions. Les débats sont importants et doivent se faire dans l’écoute et le respect des personnes. Ensuite, quand les décisions sont prises, elles doivent être partagées et respectées. Ainsi, tout le monde est impliqué, et quand je m’exprime au nom du réseau, je peux avoir les coudées franches. Nous avons connu en 2016 une année historiquement difficile pour les agriculteurs. Cette crise nous a renforcés dans notre légitimité d’acteur incontournable dans la réduction des charges des exploitations. Nos groupes sont de réels lieux de vie où, ensemble, on partage les difficultés, mais surtout on trouve des solutions. Malheureusement, ce rôle est insuffisamment reconnu ».
Où en est l’organisation territoriale du réseau Cuma ?
« Le chantier a été engagé pour prendre en compte la réforme territoriale issue de la loi NOTRe, entrée en vigueur début 2016. Aujourd’hui, toutes les régions sont en ordre de marche, même s’il existe des différences importantes entre elles. Nous mettons en place de nouveaux formats et de nouvelles méthodes de travail entre la FNCuma et les nouveaux échelons. Le but demeure que les fédérations régionales montent en puissance dans leur capacité à mieux répondre aux besoins des fédérations de Cuma et des Cuma. Comme cela était déjà prévu, la FNCuma accompagne cette restructuration à travers un financement sur trois ans sous forme de «contrats d’objectifs et de développement». Nous en attendons des résultats très concrets ».
L’élection présidentielle a-t-elle des conséquences pour la FNCuma ?
« Depuis quelques mois, nous sommes à la fin d’un cycle, il devient plus difficile de faire entendre des revendications. Nous devons nous préparer et nous positionner face au futur gouvernement, en vue de recréer ensuite des liens. En attendant, nous avons commencé à rencontrer les équipes chargées des dossiers agricoles des différents candidats, pour défendre notre vision de l’agriculture ».
La FNCuma travaille avec d’autres réseaux, comme Trame et les Civam, pourquoi ?
« Face aux demandes toujours plus pointues des groupes et des différentes formes de collaboration entre agriculteurs, il faut plus de transversalité dans les réponses. Nous devons développer une dynamique partenariale avec ces autres acteurs engagés dans le collectif, pour être en capacité de partager avec eux des compétences qui permettent d’apporter des réponses efficientes aux agriculteurs. Des échanges sont également en cours avec les Jeunes Agriculteurs, pour faire entendre les enjeux du collectif auprès des futurs installés ».
Quel est l’axe fort de l’année qui arrive ?
« L’emploi sera un thème fort de notre assemblée générale et des actions de l’année. Les agriculteurs manquent de temps, ils ont des tâches toujours plus pointues à réaliser. Confier une machine à un salarié compétent permet de s’assurer qu’elle sera employée efficacement et rapidement, donc d’autant mieux rentabilisée. De plus, la possibilité de partager un salarié au sein de la Cuma permet de répondre aux problématiques de surcharge de travail sur l’exploitation. Nous souhaitons accompagner les Cuma pour franchir le pas de la première embauche et leur apporter le savoir-faire nécessaire dans la fonction d’employeur ».
Etre président de la FNCuma, c’est une fonction très prenante ?
« Le choix de cet engagement n’a pas été facile. Je souhaitais poursuivre le travail engagé par l’équipe précédente. J’avais là en quelque sorte une responsabilité à assumer, tout en voulant la partager largement avec l’ensemble des élus du réseau. Mais il fallait aussi réfléchir ce choix avec ma famille et avec mes collègues de l’exploitation. La décision ne peut se prendre seul et c’est un véritable choix de vie ».