Quel couvert pour quel outil, ou bien quel outil pour quel couvert ? Pour Gilles Eschenbrenner, d’Arvalis, ces équations incluent d’autres variables: « Dans une démarche conventionnelle de mise en place de couvert entre une culture d’hiver et une culture d’été, il y a plusieurs facteurs à prendre en compte, en premier lieu le type de sols, qui demande d’intervenir à des périodes différentes. »
Type de sol
« En sols argileux, il est délicat d’intervenir avant l’implantation de la culture d’été, car le sol est souvent humide en surface, ce qui empêche de préparer un lit de semence correct. On envisage donc une destruction fin janvier ou début février au plus tard. On peut opter pour un outil à disques (indépendants ou cover-crop), à condition que le sol soit suffisamment ressuyé. Sinon les disques lissent le fond de travail. Les outils à dents sont aussi possibles mais avec un risque de bourrage si le couvert est bien développé. Sur sols limoneux, on peut se permettre de laisser le couvert plus longtemps. En technique à base de labour, l’agriculteur peut envisager la destruction du couvert en prenant soin de localiser les résidus sur le flanc du labour et non en profondeur. ».
Production de biomasse
En fonction de l’outil utilisé, le développement du couvert va conditionner le nombre d’interventions : « si on est au-delà de 1,5-2t MS/ha de couvert, il faut envisager un broyage préalable. Sur des argiles, la difficulté réside dans le fait d’intervenir sur sols ressuyés, pour ne pas risquer de dégrader la structure favorable à la culture qui suivra. »
Choix des espèces
Si les sols à tendance limoneuses peuvent permettre une destruction tardive, quelques semaines à quelques jours avant le semis de la culture d’été, attention à ne pas créer une faim d’azote : « c’est d’autant plus vrai pour les techniques de travail superficielles. Le problème se pose moins en labour, puisque l’incorporation du couvert se fait sur 20 à 25cm dans ce cas », précise Gilles Eschenbrenner qui poursuit : « C’est une des raisons pour laquelle la majorité des couverts associent aujourd’hui graminées, crucifères avec une dominante légumineuses. »
Laisser faire le gel?
Pour s’assurer que le gel détruise le couvert en totalité, mieux vaut bien sûr miser sur des espèces gélives, mais pas seulement. « Un couvert gélif gèlera d’autant mieux que la période de gel et prolongée et intervient à un stade avancé du développement de la plante. » Maître-mot : anticipation donc, pour faire coïncider avancement du stade végétatif et période de gel potentiel. Le « roulage » du couvert permet d’amplifier l’efficacité du procédé via les blessures occasionnées. « Cela demande une forte réactivité, note Gilles Eschenbrenner : il faut intervenir avant le retour aux températures positives », donc dans un intervalle de quelques heures, très tôt le matin (entre 6 et 11h). « Une technique plus simple à mettre en œuvre dans la moitié Nord de la France » concède-t-il. En résumé, avantages et limites des différents types d’outils de destruction des couverts, dans le tableau ci-dessous.
Type d'outil | Avantages | Limites |
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Outils à disques (disques indépendants ou cover-crop) | L’outil de référence, même quand la biomasse est très développée. | Intervenir en sol ressuyé (notamment sur argiles) sous peine de lissage. |
Outils à dents | Limitent les risques de lissage en sols argileux | Lorsque la biomasse est développée, éviter les « bourrages » avec un passage de broyeur avant l’outil à dents. |
Labour | En sol limoneux pas d’opération supplémentaire à mettre en œuvre par rapport au sol nu | Coût de l’intervention |
Rouleau | Opération simple à mettre en œuvre pour un coût limité | Sur espèces gélives bien développées, et plutôt dans la moitié Nord de la France |