Depuis 6 ans, six éleveurs du secteur se sont lancés dans la production de betteraves fourragères. L’objectif premier était de compléter la distribution de maïs ensilage dans la ration. Et parfois même de le remplacer entièrement sur la période hivernale. La betterave apporte un gain d’UF à l’hectare par rapport au maïs. Elle est peu sensible au stress hydrique. Et si elle est irriguée, même de façon non régulière, elle répond automatiquement. La récolte peut se répartir sur une période large sans perte de qualité. Tant que la betterave est en terre, elle gagne en matière sèche.
Nouveaux adeptes et besoin de confort
Début 2021, quatre autres éleveurs souhaitent se lancer dans cette culture. Ils en parlent à la cuma de la Meurlette et retrouvent les six éleveurs initiaux. Le groupe souhaite investir en collectif pour gérer la récolte. Jusque-là, le groupe initial faisait travailler une ETA de Vendée. Il fallait attendre que la machine soit dans le secteur et toutes les surfaces fussent récoltées au gré des conditions météo du moment. Le nouveau groupe des dix adhérents prend le pari d’investir par le biais de la cuma sur une machine automotrice d’occasion. L’objectif étant de gagner en confort et de maîtriser la récolte en proximité.
Achat d’une automotrice d’occasion: plus cher, mais plus souple
Avec une surface de 30ha, le tarif facturé en 2021 de l’automotrice d’occasion était de 350€. Un tarif plus élevé de 90€/ha en comparaison à l’ETA. Mais à ce coût, les adhérents ont la main. Ils peuvent facilement étaler la période de récolte, de septembre à novembre. Avec cette automotrice à proximité, les éleveurs attendent les bonnes conditions météo pour récolter. L’échelonnage de la récolte permet d’être plus souple sur la date des semis et de jongler avec la période des ensilages de maïs. «Pour 2022, nous avons gagné 10ha, et le tarif devrait baisser», précisent les éleveurs.
«Il faut anticiper le passage de l’automotrice», précise Guillaume, le chauffeur. Dès le semis, la surface doit être bien homogène et sans dénivelés. La machine récolte six rangs à la fois avec un espacement de 50cm. Pour faciliter les manœuvres de l’arracheuse, les adhérents sèment du maïs ensilage sur les tournières. Une fois ensilé, cela libère l’espace et donne accès à aux rangs de betteraves. Lorsqu’il y a trop d’adventices, cela gêne la récolte et ralentit le débit de chantier. Que ce soit en conventionnel ou en bio, les adhérents veillent donc à mettre en place une bonne stratégie de désherbage.
Automotrice d’occasion, les premiers chantiers de récolte délicats
Habitué depuis des années à conduire les ensileuses et les moissonneuses, Guillaume avoue que cette arracheuse est plutôt «hors normes».
«Que ce soit sur la route ou dans les champs, nous sommes hors gabarit, l’escorte est obligatoire. La cabine déportée sur la droite et l’axe de rotation, éloigné des roues avant, demande d’anticiper les manœuvres. Une fois au champ, il faut ajuster à la fois la hauteur de l’effeuilleuse, maintenir un lien entre la vitesse de la turbine de nettoyage et la vitesse des tapis puis suivre les rangs. La trémie de 7m³ permet uniquement un stockage tampon lors des manœuvres. Il faut travailler comme à l’ensilage, avec une benne mobile à proximité mais du côté droit.»
La facilité de conservation de la betterave permet d’alléger les chantiers de récolte. Il n’y a pas besoin de logistique particulière au tas comme à l’ensilage. Le débit de chantier de cette première année est de 70a/h avec un rendement moyen de 80t/ha.
Enfin, à lire également:
Le retour de la betterave fourragère.
La betterave fourragère, une culture avec des atouts.
S’équiper pour une prestation complète en betterave fourragère.