Après une première solution d’identification en temps réel des adventices codéveloppée avec Bilberry, l’Intelligent Spot Spraying, puis un second prototype conçu cette fois avec la start-up Carbon Bee Agtech et baptisé SmartStriker, Berthoud dévoilait en mai dernier sa solution Sniper. Un système de pulvérisation à la demande piloté par une reconnaissance en temps réel des adventices. La promesse s’annonce séduisante avec des économies d’herbicides de 50 à 80%. José Godineau, agriculteur dans le Maine-et-Loire, a testé cet équipement sur son exploitation, sur 1.000 hectares de cultures. Il livre son avis d’utilisateur sur la technologie Berthoud Sniper.
Une meilleure maitrise de la qualité de la pulvérisation
Tout d’abord, elle offre une meilleure maitrise de la qualité de la pulvérisation en adaptant constamment la dose par hectare. Ce qui évite les dégâts collatéraux sur les cultures et sur la vie du sol. Ensuite, elle permet de produire des blés meuniers et céréales pour la consommation humaine sans résidus phytosanitaires. Ce qui correspond aux attentes du marché. Mais il y a aussi une dimension économique intéressante. «Je préfère investir dans des charges fixes que je peux diluer sur des hectares plutôt que d’investir dans des charges variables comme les produits de synthèse.»
Enfin, à une époque où l’Agriculture est régulièrement pointée du doigt et source de tensions avec les néo-ruraux, ce type de technologie est une opportunité de «véhiculer une bonne image des traitements phytosanitaires».
Détection des adventices sur sol nu ou dans une culture
Ensuite, la technologie Berthoud Sniper propose deux modes de fonctionnement pour localiser les adventices.
- D’une part un mode «vert sur marron ». Il correspond à des interventions ciblées pour détruire les mauvaises herbes sur sol nu ou chaume.
- D’autre part un mode « vert sur vert ». Il correspond aux interventions pour discriminer puis cibler les adventices dans une culture principale.
Dans la pratique, l’opérateur choisit un mode de traitement associé à un choix d’algorithme de reconnaissance du couple culture/adventice. En outre, ce dernier est adapté et personnalisé pour chaque client afin de tenir compte des spécificités des parcelles de chaque agriculteur. D’ailleurs, un accompagnement par Berthoud et Carbon Bee Agtech est nécessaire pour déployer cette technologie sur une exploitation agricole. Certains paramètres de traitement restent personnalisables par l’opérateur: la taille des mauvaises herbes à traiter, la dose cible pour un traitement en plein ou en localisé, le type de traitement qui peut être en on/off ou en modulé au tronçon en bi-doses (possibilité de moduler prochainement à la buse).
Ensuite, une fois que tous les paramètres de traitement sont intégrés, la pulvérisation est gérée complètement par la technologie Sniper. Précisons que si les conditions de traitement ne sont pas optimales, le système bascule en traitement à pleine dose. Par exemple, dans le cas de détection de tâches importantes (1m²) ou de chardons difficiles à détruire.
Avis d’utilisateur: les limites du Berthoud Sniper
Au final, la technologie Sniper présence aujourd’hui deux limites. D’une part, elle ne fonctionne pas pour les traitements de nuit. Toutefois, Berthoud prévoit d’intégrer des solutions d’éclairage adéquates pour palier à cette contrainte. D’autre part, il est nécessaire de scanner les parcelles avant l’intervention pour repérer et estimer les surfaces à traiter et la quantité de bouillie à préparer. En effet, pour réaliser de vraies économies de phytosanitaires, il faut profiter d’un passage du pulvérisateur (par exemple au moment d’un apport d’engrais liquide) pour que les capteurs puissent estimer les surfaces à traiter.
Par ailleurs, il y a des prérequis techniques sur le pulvérisateur pour pouvoir intégrer la technologie Sniper.
- Le système Boom Control qui surveille et adapte la hauteur des rampes au terrain.
- Des buses séquentielles PWM associées à une modulation au tronçon ou à la buse est également indispensable. En outre, il faut que les buses soient capables de travailler à des plages de pression et de débits nécessaires aux variations de doses.
- Des renforts sur les rampes du pulvérisateurs (réalisés à l’usine) pour tenir compte du poids des équipements du Sniper (environ 40kg pour 10 capteurs).
Coût du Berthoud Sniper: 50.000€ pour 36m
Reste bien sûr la question du prix de cette technologie de pulvérisation à la demande. Il faut compter 1.400 euros par mètre de rampe pour intégrer cette technologie sur un pulvérisateur Berthoud. Un prix qui inclue l’accompagnement nécessaire pour la prise en main et la personnalisation de la technologie Sniper. Soit d’environ 33k€ pour une rampe de 24m à plus de 60k€ pour une rampe de 44m.
Selon José Godineau, ce coût important est à mettre en face d’autres avantages difficiles à chiffrer. L’avantage économique lié à la réduction des résidus de produits phytosanitaires en est un exemple. Il reprend également l’exemple du télégonflage. «Quand on me pose la question de l’intérêt économique du télégonflage, je réponds simplement par le fait que le capital sol n’a pas de prix!»
Bilan avis utilisateur du Berthoud Sniper
Finalement, on retient 4 points forts de la technologie Berthoud Sniper:
- Précision de la pulvérisation.
- Economies d’herbicides.
- Adaptabilité de la technologie aux conditions réelles de l’exploitation.
- Impact positif sur l’image de l’agriculture conventionnelle.
A l’inverse, les inconvénients de la technologie Berthoud Sniper à avoir en tête:
- Complexité de la prise en main et de l’installation.
- Non compatible avec les traitements de nuit.
- Nécessité de scanner la parcelle avant l’intervention pour profiter des économies de phyto.
- Prix (rentabilité difficile à appréhender).
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