Farmdroïd, robot semeur et désherbeur : premier avis d’utilisateur

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Farmdroïd, robot semeur et désherbeur : premier avis d’utilisateur

Nicolas Frévin est l'un des deux propriétaire du Farmdroïd de la cuma d'Embreville. Il plante et bien 10 hectares de betteraves avec l'outil cette année.

Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Un adage qui s'applique bien au robot Farmdroïd, occupé à semer et à biner une vingtaine d’hectares de betteraves. La précision et la lenteur sont de mise. Nicolas Frévin, l’un des propriétaires de ce robot, nous livre son avis en tant qu'utilisateur. Reportage dans les Hauts-de-France,

Il est là, au milieu de la plaine céréalière du Vimeu. Le Farmdroïd, l’un des 80 robots semeur et bineur de betteraves présents en France. C’est sa deuxième campagne au sein de la cuma d’Embreville, située dans la Somme. Avec ses six rangs, il parcourt la parcelle à son rythme. Les utilisateurs livrent leur avis sur ce robot Farmdroïd.

Biner avant tout

« Nous sommes deux agriculteurs à être engagés dans ce matériel, précise Nicolas Frévin, agriculteur et président de la cuma. Je plante cette année 10 ha de betteraves et mon collègue, maraîcher cinq. Nous sommes tous les deux certifiés agriculture biologique, alors, le binage, c’est important pour nous. Encore plus pour la culture de la betterave. »

Car une fois les 15 ha de betteraves semés, le robot ne va pas cesser de biner les parcelles. « Il restera dans les champs jusqu’à temps que les betteraves referment le rang, d’ici fin mai, explique l’agriculteur. C’est d’ailleurs pour cette fonction qu’il a été acheté. » Avec la vingtaine d’hectares à semer et entretenir, le planning du Farmdroïd est déjà saturé.

L’achat d’un semoir, d’un tracteur et d’une bineuse était en pourparlers. En se renseignant, les deux confrères découvrent le Farmdroïd qui fait à peu près le même travail. « Ce robot n’était pas donné puisqu’il coûtait 85 000 € sans équipements, 103 000 € avec, ajoute-t-il. Mais l’Europe pouvait subventionner notre achat à 60 %. »

Avis robot Farmdroïd : moins onéreux qu’un ensemble de semis

Les cartes sont rebattues et après quelques réflexions, mais sans avoir essayé le robot, la cuma décide d’investir dans l’outil, moins onéreux, qu’un ensemble de semis. « Un peu à l’aveugle, avoue Nicolas Frévin, amateur de mécanique. Mais les avantages étaient nombreux. Outre le fait que nous investissions que dans un seul matériel, nous n’avions pas non plus besoin de main-d’œuvre supplémentaire. » Car il le concède, il préfère déléguer des tâches à un robot qu’à un chauffeur, ajoutant : « l’Erreur est humaine… »

C’est ainsi qu’en 2022, les deux agriculteurs reçoivent l’un des tout premiers robots destinés au semis et désherbage de betteraves. « On est donc reparti sur une production de betteraves bio pour quelques années », regrette à moitié le président de la cuma. Car cette année, la demande est très restreinte et les surfaces consacrées à la culture sont en net repli.

« C’est parce que nous avons investi dans un robot, sinon, nous n’aurions pas eu de surfaces à semer, fait remarquer l’agriculteur, dépité au regard de la conjoncture. Nous avons, tout de même, dû revoir nos prévisions de production à la baisse. Même si l’écart n’est pas suffisant entre le conventionnel et le bio, au regard des heures de travail, je crois que nous avons besoin de sucre bio. Mais cette année, le prix d’achat est passé de 80 à 75 €/ha, il faudrait 100 € pour s’en sortir. »

Autonomie de rigueur

Qu’importe, les deux collègues se lancent tout de même et réalisent leur première campagne de betteraves avec l’aide de ce petit bijou. « Nous avons investi chacun à la même hauteur dans les parts, précise le président de la cuma. Chaque année, nous remboursons 10 000 € chacun car nous avons décidé de le faire sur une période de cinq ans. C’est une somme qui ne prend pas en compte les subventions, car nous ne les avons toujours pas reçues. »

En ce 18 avril, l’heure est au semis de betteraves. Avant de se lancer, le Farmdroïd effectue, guidé par l’agriculteur, le tour de la parcelle. « Les obstacles sont définis, on lui indique le sens, le nombre de fourrières et il démarre où il veut dans la parcelle, explique le betteravier. Le périmètre tracé permet au robot de travailler en autonomie et en sécurité. » Si un objet est présent sur son périmètre ou qu’il le dépasse, le robot s’arrête automatiquement et alerte le propriétaire.

avis robot farmdroïd

Avec ses panneaux photovoltaïques, Farmdroïd est complètement autonome. Quant aux semences, son autonomie est de 3 à 4 hectares, soit presqu’une journée de travail. Un point fort qui ressort dans cet avis d’utilisateur du robot Farmdroïd.

Indépendant, il est équipé de quatre panneaux solaires dont trois qui rechargent une batterie et un qui produit l’électricité qui est directement consommée. Les agriculteurs peuvent ainsi le laisser réaliser les travaux seul. « Nous l’avons assuré comme un matériel classique, contre le vol et le vandalisme, rappelle Nicolas Frévin. Nous n’avons juste pas pensé aux aléas climatiques qui peuvent abîmer le robot, comme une averse de grêles par exemple. » Quant aux semences, son autonomie est de 3 à 4 ha, soit presque une journée de travail.

Robot Farmdroïd : « Très précis dans les semis »

Chaque graine est positionnée grâce au GPS qui guide le robot. « Cela lui permet d’être très précis dans les semis, ajoute Nicolas Frévin. Il enregistre son plan et lorsqu’il revient dans la parcelle pour le désherbage, il sait exactement où sont les plantules. Les inter-rangs et entre-rangs sont bien identifiés.  »

L’un ne va donc pas sans l’autre. Avec une vitesse de 500 m/h pour les semis et 700 pour le désherbage, selon les conditions météorologiques, le robot en action demande un peu de lâcher-prise et de patience aux agriculteurs. « On a une moins grande force de frappe et c’est stressant quand on a des créneaux de travail assez réduits comme cette année, reconnaît-il. Mais en bio, on apprend à admettre qu’on ne peut pas tout maîtriser. »

Même s’il est lent, ses passages restent rentables. « Pour mener la culture, sans compter la récolte, le coût avoisine les 450 à 500 €/ha, estime Nicolas Frévin. L’année dernière, j’ai réalisé cinq passages de bineuse jusqu’à la fermeture du rang et mes betteraves étaient aussi propres qu’en conventionnel. » Cependant, des frais d’entretien sont à prévoir. Avec au moins 1 000 à 1 500 € tous les ans pour l’achat de nouveaux jeux de couteau. Un coût à relativiser quand on sait qu’il faut au moins 50 à 70 h/ha de main-d’œuvre pour désherber à la main. Et d’ajouter : « Désherber à la binette, c’est vraiment pas drôle. »

Point de vigilance : la préparation du terrain

Seul gros point noir pour l’utilisation de l’outil : la préparation du terrain en amont et les conditions de travail. « Plus le terrain est plat, plus ce sera facile pour le Farmdroïd de semer, ajoute l’agriculteur qui estime que son travail du sol est encore un peu grossier. Pour cela, il faut multiplier les passages d’outils de travail du sol, bien détruire les débris de végétaux et éviter d’avoir des cailloux. »

avis robot farmdroïd

Seul gros point noir à ressortir de cet avis d’utilisateur du robot Farmdroïd : la préparation du terrain auparavant et les conditions de travail qui demande de la rigueur.

Nicolas Frévin en a l’habitude avec les faux semis qu’il essaye de réaliser en agriculture biologique. Il a labouré en hiver et travaillé cinq fois son sol au printemps. Pour lui, c’est impossible de concilier l’agriculture de conservation des sols, qu’il tente d’instaurer sur son exploitation et ce type de robot.

Sans compter la fragilité de l’outil. « Cela reste un robot. Les cartes électroniques et capteurs GPS sont encore trop fragiles à mon goût, lance l’agriculteur. Et pour les réparer, là on ne peut rien y faire, c’est de l’informatique. Si en mécanique on peut toujours tenter de réparer soi-même, ce n’est pas le cas pour le Farmdroïd. » Côté reprise, les deux agriculteurs n’y ont pas vraiment songé. Ils estiment toutefois que ce genre de robot aura toujours sa place, en grandes cultures ou en maraîchage. L’avenir pour les robots est encore très large.

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