Philippe était seul sur son exploitation. «Pour assurer la traite le soir, afin de rentrer plus tôt à la maison et profiter de ma famille», il désirait un appoint en main-d’œuvre. «J’aspirais aussi à me libérer un week-end par mois, ou encore prendre des congés sereinement», explique l’éleveur, alors confronté à une difficulté: seul, il ne pouvait assumer la charge financière d’une embauche. Alain et Sylvie, en système robot de traite, étaient aussi demandeurs pour les remplacer, pendant les vacances notamment. Ils cherchaient donc un moyen d’intéresser une personne de confiance pour intervenir sur leur exploitation. Les deux élevages laitiers adhérents de la cuma de l’Étoile se retrouvent en juin 2017 pour une première rencontre dans le cadre d’une réflexion.
Partir serein de leur élevage
En outre, ils avaient déjà en vue un candidat qui assurait des remplacements occasionnels chez eux. Jeune, consciencieux, animalier, il était habitant de la commune. À cette époque, la fédération commençait à informer ses groupes adhérents à propos de la nouvelle version des statuts de cuma. Par le biais de l’option ‘groupement d’employeurs’, ceux-ci ouvraient l’accès à un service d’emploi partagé sur les exploitations à hauteur de 100% de la masse salariale.
La répartition du volume de travail chez chacun était assez claire dès le départ, à savoir 60% pour Philippe et 40% pour Alain et Sylvie. Les porteurs du projet ont étudié des simulations des coûts pour chacun, avec différentes hypothèses de rémunération du salarié. Puis ils se sont projetés dans l’organisation du travail, avant de réaliser les modalités administratives pour créer le groupement d’employeurs.
Lancement et ajustements
Ensuite, le 8 janvier 2018, Théo signait son contrat à durée indéterminée avec la cuma de l’Étoile. La première année fut une année test sur la partie temps de travail. En fin de compte, les heures s’enchaînent vite et le compteur de Théo s’emballe. Les éleveurs ont aussi eu à s’approprier le mécanisme de l’annualisation du temps de travail, qui demande à chaque chef d’entreprise de savoir anticiper la planification des tâches. Pour ne pas se laisser déborder ou surprendre par les plannings de congés, il y a une organisation à suivre rigoureusement. Dès l’année suivante, ils mettent rapidement en place les récupérations. Puis en 2021, les deux élevages réajustent la répartition du volume d’heures à 80% pour Philippe et 20% pour Alain et Sylvie.
Pendant ce temps, Philippe constate que «le troupeau est entre de bonnes mains durant [son] absence.» Et s’il peut plus sereinement souffler lors de ses congés, il retient aussi du positif dans le travail quotidien. «Avec une personne aux champs et l’autre à s’occuper des animaux, on appréhende mieux les périodes de pointe. Avoir un salarié partagé, c’est ne plus courir tout seul.» Et l’option groupement d’employeurs le permet, avec une gestion simplifiée.
Création et fonctionnement administratif du GE de la cuma de l’Étoile
Quatre modalités administratives pour créer le groupement d’employeurs:
- mettre à jour des statuts en AGE avec la validation du projet par tous les adhérents ;
- actualiser le règlement intérieur ;
- rédiger la convention de mise à disposition;
- signer les bulletins d’engagement.
Ensuite, le groupement d’employeurs est une bonne formule qui simplifie la gestion. Théo n’a qu’un seul contrat de travail et un bulletin de paie mensuel. Chaque adhérent a une facture annuelle correspondant à la mise à disposition de Théo. La cuma de l’Étoile travaille avec deux interlocuteurs à la fdcuma: la comptable et la gestionnaire de paies pour le suivi des heures.
A lire également:
Vrai ou Faux: la vérité sur les groupements d’employeurs.
Que choisir entre employeur et groupement d’employeurs?