Le marché des machines agricoles se porte plutôt bien en cette fin 2018. Axema, le syndicat des constructeurs et importateurs, table sur une année 2018 meilleure que 2017. L’Insee confirme, et annonce une hausse de 6% de l’activité agroéquipement au premier semestre. «On ne retrouvera jamais le record de 2013, souligne toutefois Frédéric Martin, son président. Aujourd’hui, les investissements des agriculteurs sont plus raisonnés.» Axema s’inquiète également d’une baisse de marges, surtout chez les petits constructeurs. Les matières premières augmentent, l’acier a par exemple pris 10% au cours des mois écoulés. Ce facteur explique aussi que le prix des matériels ne baisse pas, à côté des raisons «classiques» déjà avancées depuis plus quelques années comme les normes d’émission sur les moteurs, ou la place grandissante de l’électronique.
Manque de main d’œuvre
Dans ce climat, les constructeurs pourraient se rattraper sur les volumes. Malheureusement, ils peinent à recruter pour faire tourner leurs usines à plein. Chaudronniers, soudeurs et usineurs manquent à l’appel. Conséquence : les délais de livraison s’allongent. Un second facteur qui n’aide pas à stimuler la concurrence et donc la baisse prix. Dans ces conditions, les matériels seront-il toujours plus chers ? Oui et non.
Chacun ses priorités
Frédéric Martin estime qu’en même temps, «l’offre de matériels est toujours plus large.» Les constructeurs en place diversifient leur offre, avec des modèles d’entrée de gamme à prix modéré, et d’autres plus techniques. De nouveaux concurrents étrangers arrivent, avec eux aussi un argument prix. «Les agriculteurs gardent la possibilité d’acquérir des matériels à tous les prix.» Alain Savary, directeur général d’Axema, observe aussi un autre phénomène qui va dans le sens de la concurrence : les tractoristes qui proposent de plus en plus des gammes longues et deviennent de nouveaux acteurs sur le marché des outils tractés.
Achats groupés
Dans ces conditions, on peut estimer que les agriculteurs qui recherchent un matériel de bon niveau seront plus que jamais enclins à mieux en négocier le prix. Pourquoi pas par des groupements d’achat comme l’a fait cette année la Frcuma Ouest. Alain Savary s’attend à ce que ce type de démarche se fasse plus fréquent à l’avenir : «Le schéma classique de la vente de matériels va évoluer, certaines habitudes seront perturbées.» Mais jusqu’à quel niveau ? «Autant je pense que la location de matériels va se développer durablement au détriment de l’acquisition, autant j’ai des interrogations sur la place que prendrons ces achats groupés», dit-il en substance.