On se connaît depuis 1994 et ce qui nous a fait basculer, c’est le souhait de travailler tous ensemble en semis simplifié», se souvient Eric Hamot, agriculteur dans l’Aube, membre de la cuma des Ormes. L’investissement dans un nouveau semoir en 1999 a concrétisé la formation du groupe.
La cuma est adossée à un assolement en commun de 900ha depuis 2003, là encore matérialisé par l’achat en commun d’une moissonneuse-batteuse. La société en participation (SEP) du signal borde juridiquement l’organisation depuis 2007.
Le groupe de six exploitations a fait le grand saut dans l’intégrale il y a bientôt 15 ans. En 2017, les 900ha de la sole commune compteront 130ha en cours de conversion vers l’agriculture biologique. Une orientation récente de certains adhérents. «On est tous gérants», lance Eric Hamot. Les six exploitations apportent leurs surfaces, mais chacun reste libre de son assolement, après discussion et avec l’idée de mutualiser la marge brute par culture.
206€/ha (traction, semis, engrais, moisson)
Le matériel est renouvelé tous les deux-trois ans (contrat de 4 ans pour les tracteurs). Il est ainsi valorisé sur le marché d’occasion.
«La grosse force» du groupe est un coût de mécanisation maîtrisé, d’autant que «le dernier servi» mutualise son risque avec les autres. La cuma des Ormes facture à ses adhérents 206€/ha (traction, semis, engrais, moisson), 330€/ha pour le chantier betterave (arrachage via entreprise) et 370€/ha pour La production de chanvre. Pour autant, le groupe l’affirme, «l’intérêt financier ne fait pas durer l’engagement».
Oublier 2016
Après une année difficile, les cumistes s’accordent pour dire que l’assolement en commun (surfaces non touchées par les épisodes locaux de grêle) et la maîtrise des coûts de mécanisation aident à supporter les aléas climatiques. Et puis, «tout le groupe est dans le même bateau, on ne rumine pas tout seul.» Etre à plusieurs aide à «dédramatiser».
Risque minoré: tests multipliés
La force du groupe, les agriculteurs de la cuma des Ormes y croient dur comme fer. «Ensemble, c’est plus motivant, c’est plus facile, et les idées fusent.» Chacun arrive avec ses compétences, son envie de communiquer et son caractère. Malgré et avec les coups de gueule, la dynamique collective s’active, et chacun peut finalement y trouver son compte en se libérant du temps. Certains pour s’engager professionnellement, d’autres pour changer de système.
On a parlé élevage avec l’arrivée de nouvelles têtes dans les exploitations, de structures différentes, d’élargissement du groupe. A tous, la prise de risque apparaît minimisée. «Nous avons été parmi les premiers à tester les colzas associés. Ça a fait du bruit dans la plaine, sourit un cumiste. Mais personne au sein du groupe n’était contre. Avec 4ha sur 900, on change d’échelle.»
Etat d’esprit et transmission
Pour arriver à faire bloc, tous défendent un état d’esprit, qui doit bien sûr être partagé par les nouveaux arrivants. La cuma des Ormes, comme beaucoup, commence à connaître les transmissions. Alexandre, qui a pris la suite de Didier son père, moteur du groupe d’origine, ne «se serait pas installé pour être tout seul». A 28 ans, il avoue n’avoir connu que ça et ne s’est finalement pas trop posé de question. «Rentrer dans un groupe qui fonctionne, où l’on est bien accueilli, et avec des cultures particulières, c’est motivant», avoue-t-il.