Beaucoup de producteurs de lin faisaient encore appel à des Eta qui sont très sollicitées et ne donnent pas toujours la qualité de travail attendu », expose le président Manu Gallet. Dans cette production, il peut aussi y avoir une tendance au suréquipement car les contraintes météorologiques sont fortes : la qualité se joue parfois à un jour près.
« En envisageant d’acheter une nouvelle arracheuse en cuma, nous avions tous le souci de partir d’un coût de fonctionnement raisonnable. L’aide de la frcuma dans le cadre d’un DiNA cuma a permis d’y travailler. Il nous fallait établir des devis, voir s’il existait des subventions, interroger les solutions d’intercuma avec les trois cuma voisines qui ne sont pas impliquées dans cette culture… »
DES SOLUTIONS
Au-delà du volume, la qualité d’arrachage fait le prix dans cette production. « Si on voulait optimiser le matériel, il ne devait pas être confié à n’importe quel chauffeur, seulement à un chauffeur expérimenté. » Il fallait y penser avant d’investir : « Les échanges ont permis d’établir qu’un des adhérents pouvait prendre en charge le remisage et que lui et son chauffeur seraient à disposition du groupe. Il organiserait donc le chantier avec moi et les autres adhérents. » Ils se sont ensuite mis d’accord sur le fait que le tour de plaine se ferait selon l’avancement de la maturité du lin chez chaque adhérent.
LA PISTE INTERCUMA
« Pour éviter d’avoir des doublons, pourquoi ne pas acheter en intercuma ? Nous avions déjà essayé de faire un groupe avec une dizaine de cuma voisines ayant ou pas une activité linière… » Ils en ont profité pour ouvrir un axe de réflexion sur l’optimisation du personnel en intercuma, histoire de dégager du temps. Mais cette piste exigeait une plus grande implication encore de la part des dirigeants, ce qui les a conduits à l’abandonner.
OÙ S’ARRÊTER…
« En 2017, nous avons finalement acheté une arracheuse double Depoortere. L’investissement tournait autour de 200 000 € HT. Avec un noyau dur de huit adhérents et 200 ha d’engagement, nous sommes arrivés à coût d’arrachage satisfaisant de 120 €/ha. »
Les deux dernières saisons se sont bien passées, mais les questions sont revenues : « Le matériel est prévu pour 250 ha de lin et nous sommes passés à 270 ! En 2020, nous en ferons 300. Faut-il faire appel à une Eta ? Comment répartir ce coût supplémentaire ? Faut-il acheter un nouveau matériel ? Comment optimiser l’investissement ? Pour l’instant, nous essayons de voir avec les cuma voisines … » Ils ont repris la réflexion!
CHERCHER À ANTICIPER
Ce DiNA cuma était centré sur une activité de la cuma, qui représente un axe fort de développement. Il s’agissait de prendre le temps de réfléchir à plusieurs. Comment ficeler cette activité ? Fallait-il prendre en compte les cuma environnantes ? Où s’arrêter ? Quelles limites poser en termes de surface ? Quelle main-d’œuvre pour faire tourner le matériel ?
Il était essentiel que tout le monde s’exprime, entende les arguments des autres. Ceux qui misent beaucoup sur le lin et ceux qui l’ont juste dans l’assolement. La période de récolte peut être tendue, donc source d’angoisse, car certaines années, l’arrachage du lin se déroule en même temps que la moisson. S’y projeter permet de désacraliser la peur autour de la disponibilité du matériel. Les techniciens de la coopérative Opalin ont pris des échantillons dans toutes les parcelles, les ont anonymisés pour comparer la maturité. Le DiNA cuma a aussi servi à étudier l’intégration de cette activité dans le capital social. Comme l’achat est conséquent, il vaut mieux anticiper.
Cet article est issu du spécial Hauts-De-France de mai 2019.