Difficile de rassembler les adhérents de la cuma Aptoca sur une photo : elle regroupe plus de 349 adhérents sur 6 départements (Lot-et-Garonne, Dordogne, Gironde, Landes, Gers, Tarn-et-Garonne). Les chiffres pour la décrire donnent aussi le tournis. Pourtant, l’histoire commence sans tambour ni trompette pour la cuma de l’Association des producteurs de tomates de conserve du Sud-Ouest (Aptoca).
Garantie de paiement
En 1992, la conserverie Larroche dépose le bilan, « provoqué par les producteurs, en raison des difficultés qu’avaient ces industriels à solder la campagne précédente », précisait Claude Poujade, aujourd’hui président du groupe coopératif Uniproledi et de la Cuma Aptoca (et de la fdcuma du Lot-et-Garonne). « Pour avoir la garantie d’être payés, explique-t-il, nous avons fait le pari, tous ensemble, d’essayer de repartir du redressement judiciaire, pour que les producteurs soient réglés du solde de la campagne précédente, et de la campagne engagée. Cela a aussi donné le temps à des partenaires de venir reprendre et poursuivre l’activité sur les sites industriels (Saint Sylvestre, Bergerac et Marmande). Quand tous ces sites sont repartis, lors de la campagne 93, les différents groupements de producteurs ont souhaité se réunir pour créer Uniproledi. »
Cuma et coop en parallèle
« Ce sont ces agriculteurs qui, en prenant des risques, ont redynamisé la production de légumes de conserve, Uniproledi a fait fructifier cet élan », notait Guilhem Marès, de la Sica Leso, l’un de ces groupes, lors de la journée de célébration des 21 ans d’Uniproledi et des 18 ans d’Aptoca, le 20 juin. Dans la foulée, la cuma Aptoca est créée en 1995, en réponse à un besoin de mécanisation, principalement sur la tomate de conserve : « Dans le Lot-et-Garonne, 98 % de la tomate était récoltée manuellement, précise Claude Poujade. Le coût de la récolte représentait plus de 50 % de la valeur du produit. Au conseil d’administration, on a décidé de créer une cuma. C’était le bon outil : peu importe de quel bord sont les hommes, les cuma sont soutenues au niveau du département, de la Région, de l’Europe.
En deux ans, on est passé à 100 % de tomate récoltée mécaniquement. » Cuma et coopérative se développent ensuite en parallèle : la cuma assure la partie « mécanisation », tandis que la coopérative analyse et planifie les besoins industriels, définit les zones de production, assure la planification et le suivi des cultures, organise les récoltes, approvisionne les unités industrielles, paie et facture les adhérents et établit les bilans techniques et économiques. Un fonctionnement bien huilé, et qui répond aux attentes des industriels, venus en nombre le 20 juin pour souligner l’implication hors du commun du conseil d’administration du groupe dans la préservation de leurs outils.
Claude Poujade, président d’Aptoca et Uniprodi
Produire dans notre région
« L’objectif, c’est de maintenir la production dans notre région, avec le souci d’amener un « plus » au producteur grâce à la cuma : Uniproledi, avec Aptoca, amène la possibilité au producteur de produire des cultures à forte valeur ajoutée, sans investir. C’est important pour ces cultures qui ont des besoins de rotation importants, de l’ordre de 5 ans », souligne le président des deux structures, Claude Poujade. Ce qui permet aux agriculteurs bénéficier de cultures contractualisées, suivies par les services techniques de la coop, et du matériel fourni par la cuma avec parfois des prestations clé en main. Pascal Raffello, adhérent depuis 2000 et secrétaire adjoint d’Uniproledi et adhérent à Aptoca, complète : « Le choix des cultures contractualisées contribue à sécuriser les marges. Et surtout, en face, il y a la cuma, qui répond à nos attentes de la mécanisation. Le calendrier de production est déterminé par le service technique. Nous, nous préparons le sol et faisons l’entretien des cultures. »
Les activités d’Aptoca
Semis: Petit pois, (2 ensemble 5 m et 6 m avec semoir en ligne et motorisation 300 ch et 330 ch), haricot vert (2 ensemble semoir monograine et tracteurs 200 ch tracteurs 8 roues étroites pour ne pas écraser la ligne de semis). Pour le maïs doux, la plupart des adhérents sèment avec leur matériel, sauf 300 ha semés avec un semoir Jeantil sous film plastique pour alimenter les unités industrielles en maïs précoce.
Buttes: Pour la tomate, deux cultirateaux (chacun 3 buttes sur 4,80 m), avec deux tracteurs (un 300 ch et un 260ch)
Plantation: Tomates : deux possibilités. Soit les planteuses sont classiquement mises à la disposition des adhérents, soit l’adhérent choisit le « clé en main » : avec la planteuse classique (alimentation en plants à la main, 4 à 7 pers.), ou depuis 2014, avec la planteuse automatique Ferrari (tout automatique, 3 pers.). La cuma gère une dizaine de planteuses.
Récolte: pois et flageolets, (5 récolteuses : un chantier de 3 machines et un de 2 machines), tomate (5 récolteuses qui ramassent la plante entière, puis battent et séparent terre et fruits verts grâce à des chutes munies de capteurs optiques) et maïs doux.