Les Chambres d’agriculture conseillent les agriculteurs et représentent le monde agricole auprès des institutions. Ces élections déterminent également la représentativité de chacun des cinq syndicats agricoles et permettent de répartir les sièges dans les différentes commissions départementales, régionales et nationales.
L’enjeu est donc important et la campagne électorale de ce vote par correspondance, qui se déroulera du 7 au 30 janvier, sera l’occasion d’essayer de mobiliser un monde agricole très chahuté et en plein questionnement. D’autant que les dernières élections en 2013 avaient été marquées par un recul de la participation.
L’application des enseignements des ateliers des Etats généraux constitue le premier sujet de préoccupation des agriculteurs.
Le vote le 2 octobre de la loi Alimentation qui en a découlé provoque déjà autant d’espoirs que de déceptions au moment où démarrent les négociations annuelles entre la grande distribution et l’industrie alimentaire. Celles-ci déterminent souvent le niveau de rémunération des agriculteurs.
« Ca ne marche pas car l’industrie agroalimentaire s’en fout des paysans », clame Laurent Pinatel, porte parole de la Confédération paysanne, lors d’un débat organisé par l’association des journalistes agricoles (AFJA). Il donne comme exemple l’arrêt des négociations cette semaine dans l’interprofession de la viande parce que le collège des industriels, mené par le géant Bigard, a bloqué sur les indicateurs.
« Déjà pour ces négociations commerciales, on sent qu’il y a des frémissements. A nous de pousser pour que ça marche », car « plus les acteurs sont forts plus il faut s’organiser » côté agriculteurs pour peser dans la balance, tempère Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, premier syndicat agricole français.
Bernard Lannes, président du deuxième syndicat, la Coordination rurale, met quant à lui tous ses espoirs dans l’ordonnance sur les prix abusivement bas pour donner « un minimum vital » aux agriculteurs.
« cogner sans retenue »
« On pourra dire que la loi marche le jour où les paysans verront une hausse de 15 à 20% du coût de la viande qui leur permettra d’avoir un revenu », souligne pour sa part Jean Mouzat, président du Modef (Mouvement de défense des exploitants familiaux).
Au moment où s’intensifient dans la société les critiques contre l’agriculture intensive, l’élevage de masse, voire la consommation de viande comme vecteur du changement climatique, les syndicats ont conscience qu’il faut se montrer plus offensifs.
« Je ne connais pas un agriculteur qui se réveille le matin en se demandant : comment je vais abîmer la planète aujourd’hui », affirme Mme Lambert, qui regrette cependant que la profession ait « trop longtemps tardé à montrer ce qu’elle fait ».
Laurent Pinatel, en constatant que « c’est Casino qui lance un label sur le bien-être animal », estime que la profession « est en train de louper quelque chose collectivement, c’est nous qui devrions imposer quelque chose ».
Jérémy Decerle, le président des Jeunes agriculteurs, syndicat qui présente des listes communes avec la FNSEA, prône pour sa part une approche plus combative: il faut « redoubler d’effort au niveau juridique » car « on doit cogner sans retenue sur les Greenpeace et autres L214, ils ne doivent plus avoir pignon sur rue », clame-t-il.
Lors du scrutin de 2013, la FNSEA, alliée aux JA, a obtenu 53,39% et les listes apparentées FNSEA/JA 0,54%, en recul par rapport aux élections de 2007. Avec 20,49%, la Coordination Rurale (CR, plutôt classée à droite) a ravi la deuxième place à la Confédération Paysanne (apparentée à gauche), arrivée troisième avec 18,54%, suivie du Modef (1,47%, proche du Parti communiste).
Les agriculteurs sont appelés à renouveler les 4.200 membres élus de 103 établissements départementaux et régionaux, chapeautés par une Chambre nationale.