Un quart de la récolte s’est faite avec des taux de matière sèche au-delà de 38%, tandis que la médiane est à plus de 35%. Or, petit rappel, l’objectif de maturité le plus récurrent est autour de 32%. Au-delà, l’éleveur s’expose à des difficultés pour tasser et donc de conservation, dans la mesure où l’air n’aura pas été suffisamment bien chassé.
Des moyennes convenables
«Malgré des implantations laborieuses, des excès de pluies au printemps, puis une sécheresse, et un pic de hautes températures fin août», quantitativement, la production «est convenable», jugeait Bertrand Carpentier. Le 17 novembre, lors du colloque sur la plante fourragère organisé par l’institut, l’ingénieur Arvalis constatait néanmoins un rendement 2016 en deçà de la moyenne quinquennale (-5%). Derrière cet indicateur, se cache surtout une forte hétérogénéité.
Attention aux apparences
Hétérogénéité, le qualificatif s’impose aussi et surtout à propos de la qualité. Exemple avec le critère énergie: «Là où le déficit hydrique de l’été a été particulièrement fort, les teneurs moyennes en amidon sont inférieures à 23%. En zone Nord-Ouest, le niveau est à 27%», constate un autre expert d’Arvalis, Alexis Férard. Si les UFL sont peu variables, autour de 0,91, c’est que là où l’amidon manque, les fibres sont plus digestibles et les sucres solubles compensent… dans l’équation théorique seulement.
Outre le fait que ces derniers constituent un facteur de risque de mauvaise conservation, ils n’ont pas le même comportement que l’amidon dans le tube digestif du ruminant. Ils ne sont donc pas à complémenter avec les mêmes ingrédients qu’un maïs riche en amidon. «Il est impératif de ne pas s’arrêter à la valeur UF seule d’un maïs pour caler la ration», insistent les ingénieurs.
Aussi, «les maïs secs doivent être complémentés avec plus de céréales et en diminuant nettement le correcteur azoté», du fait de leur richesse en MAT. Qualifier précisément son ensilage est «plus que jamais nécessaire», martèle l’équipe d’Arvalis.
Maïs à consommer de préférence le plus vite possible
Autre risque induit par la densité faible du tas, au-delà de la qualité de conservation : «il convient de bien évaluer» le nombre de tonnes utiles dans le silo. Le but étant d’anticiper un éventuel manque, «par un achat de fourrage ou de co-produits», résument les spécialistes.
Alexis Férard précise : «Dans les situations où les conditions de stockage ne sont pas bonnes, je préfère que l’éleveur fasse vite consommer son ensilage de maïs plutôt que de vouloir l’économiser dans l’unique but d’en avoir encore après mai.» En somme : quitte à supporter une charge de stockage, autant que ce ne soit pas pour un maïs qui aurait chauffé. D’autant que dans les silos insuffisamment denses, et ils seront nombreux cette année, l’avancée du front d’attaque doit absolument être rapide.