Les irrigants en quête de solutions

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Les irrigants en quête de solutions

La création de réserve de stockage d'eau sont source de controverses. Ci-dessus, photo de la réserve créée en 1988 à Cellefrouin en Charente.

Alors que les possibilités d'arroser l'été sont de plus en plus incertaines, les agriculteurs cherchent des alternatives.

Guillaume Chamouleau est agriculteur en Charente sur une exploitation céréalière de 200 ha. Cet irrigant, par ailleurs Président d’Aquanide (Association des irrigants de Poitou-Charentes), est relié, avec deux autres irrigants, à une réserve bâchée de 207 000 m³. Retour sur la recherche des agriculteurs sur une alternative à l’arrosage.

Alternative à l’arrosage : pompage en réserve d’eau depuis 1988

La gestion collective de cet ouvrage est portée par une ASA. Le remplissage se fait entre le 15 octobre et le 15 avril. « Habituellement, cela dure environ 11 semaines. Cette année, on aurait pu la remplir en 4-5 semaines », explique Guillaume Chamouleau.

Le rythme de remplissage dépend du débit de la rivière locale, le Son. L’accès à cette réserve lui permet d’irriguer 45 ha, en blé et maïs, en évitant de prélever l’eau l’été dans le milieu naturel. Parallèlement, il s’est engagé dans l’agriculture de conservation qui conforte la réserve utile du sol. Et pour piloter son irrigation, il est équipé de sondes Weenat.

Cette création de réserve remonte à 1998. À l’époque, ces projets d’infrastructure soulevaient moins d’opposition frontale qu’aujourd’hui. De plus, les conditions économiques ne sont plus du tout les mêmes. Le coût de l’électricité a grimpé, il a culminé à 150 le MWh au plus fort de la crise. Et le coût des travaux n’a plus rien à voir : « On était à environ 1, 50 €/m3 stocké, et cela dépasse désormais le 8 € ». Autre écueil : la complexité croissante du montage des dossiers…

Guillaume Chamouleau

Guillaume Chamouleau, irrigant en Charente, recherche une alternative à l’arrosage. Son idée : sa réserve d’eau remplissable en 11 semaines environ.

Avec la diversification, l’eau vaut son pesant de cacahuètes

Christian Daniau est, lui aussi, irrigant en Charente. Celui qui est aussi Président de la Chambre d’agriculture, ose des diversifications originales grâce à l’accès à l’irrigation.

Avec de l’eau en quantité suffisante, il est possible de faire pousser des plantes atypiques en France, comme ici de l’arachide cultivée en Charente.

Avec la coopérative agricole Océalia, il a décroché un contrat de production de cacahuètes sur 1 ha. « C’est la possibilité d’accès à l’eau qui me permet d’accéder à ces contrats ». Ayant acquis parallèlement une bonne technicité dans la conduite des cultures, il a pu ainsi diversifier ses productions végétales en réalisant en plus de cultures habituelles comme le maïs et le tournesol, des cultures plus singulières comme le pop-corn, des cultures porte-graine en betterave rouge, du soja, du pois chiche, des essais de haricots…

À la clé, il peut espérer des marges lucratives à l’hectare (jusqu’à 5 000 €/ha en cacahuètes) mais qui varient beaucoup selon les rendements très aléatoires obtenus avec ces cultures « mineures » ayant des cycles longs, et pour lesquelles il n’y a pas toujours de produits homologués ou/et de matériels de récolte adaptés.

alternative arrosage eau

L’accès à l’eau donne à Christian Daniau la possibilité d’accéder à des contrats de productions pour des cultures particulières, porteuses de valeur ajoutée.

Alternative à l’arrosage : la dose pile-poil avec un OAD

Pour calibrer la bonne dose d’eau apportée au bon moment, Nicolas Giraud agriculteur dans la Vienne utilise Irré-LIS®. Avant de mettre en route ses 3 enrouleurs, son pivot et ses 2 rampes, le producteur saisit sur un logiciel les données pour chacune de ses parcelles :

  • Type de sol ;
  • Interculture précédente ;
  • Date de semis de la culture ;
  • Variété ;
  • Type d’irrigation (enrouleur ou pivot) ;
  • Etc.
licence Irré-LIS®

Nicolas Giraux irrigant dans la Vienne et président de l’ADIV. Il utilise un outil de pilotage disponible sur son ordinateur, pour conduire son irrigation.

« En tenant compte des conditions météorologiques spatialisées et de données parcellaires fines, Irré-LIS® calcule en temps réel l’état de la réserve en eau du sol. Il calcule également les dates prévisionnelles des stades qui impactent sur la sensibilité au stress hydrique de la culture » expliquent les concepteurs de cet outil de pilotage. Ce dernier a été mis au point par Arvalis – Institut du Végétal. Les données climatologiques utilisées sont issues des stations Météo France et Arvalis. Le producteur a la possibilité de les affiner. « Lorsque le volume est suffisant par rapport aux besoins de la plante, je peux économiser de l’eau. Pour cette saison, j’ai économisé 15 mm lors du dernier apport d’eau sur maïs » indique Nicolas Giraud.

Ce qui peut atténuer un peu les dépenses d’électricité, les redevances calculées sur les volumes d’eau utilisés, et l’usure du matériel. Cette année, il ne consommera pas l’intégralité de son quota d’eau de 185 000 m³ prévu pour une surface irrigable de 135 ha (sur une SAU totale de 176 ha). Il n’a consommé que 138 000 m³. C’est une campagne atypique puisqu’en règle générale, il consomme la totalité.

L’abonnement à la licence Irré-LIS® est géré par l’intermédiaire de l’ADIV (association des irrigants de la Vienne). Les tarifs sont de l’ordre de 150 € en moyenne par irrigant. Pour ses 350 adhérents, l’association négocie aussi, à des tarifs de groupes, les contrats d’électricité de ses membres.

Sélectionner deux matériels de la même famille pour les comparer