L’élevage intensif moderne est de plus en plus contesté », selon un document de travail diffusé par le ministère, qui dénonce « les effets néfastes sur l’environnement » de ces pratiques, à savoir les émissions de gaz à effet de serre et d’azote, les nuisances olfactives, les rejets d’ammoniaque et de nitrates. La ministre sociale-démocrate Barbara Hendricks se propose donc d’adapter la législation en vigueur « dans le sens d’une agriculture respectueuse de l’environnement » et de « faire disparaître les lacunes dans la loi et les possibilités de contournement ». N’étant pas directement responsable du dossier, entre les mains de son confrère à l’Agriculture, Mme Hendricks veut passer par une modification du droit de la construction, qui est en revanche de son ressort. Ainsi la construction de nouveaux bâtiments destinés à l’élevage devra être soumise à l’approbation de la commune – très souvent, du fait d’un régime d’exception consenti aux exploitations agricoles, ce n’est actuellement pas le cas.
L’Allemagne, premier producteur de viande de porc de l’UE et plus gros éleveur de vaches laitières, est connue pour ses grosses exploitations notamment porcines, installées dans le nord et l’est du pays. Le nombre d’éleveurs baisse, mais le nombre de bêtes par exploitation ne cesse d’augmenter, il a plus que doublé par exemple pour les truies entre 2003 et 2013 (à 141 par élevage). Les plans de Mme Hendricks ont été salués par les associations de protection de l’environnement, à l’image de Greenpeace, mais critiqués par la puissante fédération des agriculteurs DBV, qui y voit les prémices de « la fin de l’élevage en Allemagne ». Avant de devenir réalité, le projet doit recevoir l’aval du conseil des ministres, puis du parlement. Le ministre de l’Agriculture Christian Schmidt, conservateur et généralement sensible aux doléances des exploitants, risque de lui mettre des bâtons dans les roues.
Berlin, 24 août 2016 (AFP)