« L’alimentation est devenue un vrai sujet à la fois médiatique, politique et consumériste puisque les consommateurs sont de plus en plus exigeants, surtout en France », assure Catherine Chapalain, directrice générale de l’association nationale des industries alimentaires (Ania).
En France, le marché des aliments sains, diététiques et fonctionnels affiche une croissance soutenue et « restera bien orienté à l’horizon 2020 », selon une étude du cabinet Xerfi.
Mais au delà de ces aliments bien ciblés, le consommateur veut être mieux informé sur tout ce qu’il consomme au quotidien, pour faire ses achats en connaissance de cause.
Bad buzz
« Le mouvement s’est accéléré ces dernières années avec les réseaux sociaux, l’information continue », souligne Eline Maurel, directrice d’étude chez Xerfi. Elle explique qu’aujourd’hui le « bad buzz », avec un impact négatif, « est plus fort et plus rapide ».
De plus en plus de consommateurs utilisent des applications sur smartphones, comme Yuka, qui permettent de scanner l’étiquette d’un produit alimentaire et d’obtenir une information simple, rapide et concrète.
La France a aussi mis en place un nouveau système d’étiquetage facultatif, le Nutriscore, basé sur cinq lettres (A,B,C,D,E) et un code couleurs, du vert au rouge, selon la qualité nutritionnelle de l’aliment. Il commence à être adopté par les industriels.
L’industrie sait aujourd’hui qu’il faut tenir compte des aspirations du consommateur, mais aussi de tous les nouveaux outils qu’il a sous la main.
« Les industriels prennent ça en compte, on peut le voir avec l’industrie du jambon qui offre aujourd’hui du sans nitrite, sans antibiotiques, sans sel… Ou (les fabricants) des céréales pour enfants qui retravaillent les recettes pour qu’il y ait moins de sucre », explique Mme Maurel.
« Notre objectif, c’est d’être irréprochable sur Yuka. Pour nous c’est une bonne chose car ça nous force à nous interroger, nous bouger. C’est un « benchmark » (une mesure de référence), explique Vincent Miginiac, le directeur de l’offre chez Cofigeo, propriétaire notamment des conserves William Saurin et Raynal Roquelaure.
« Avec internet, le consommateur aura l’information quoi qu’il arrive. Si ce n’est pas l’industriel qui le donne lui même, il sera contourné par d’autres moyens », explique aussi Eline Maurel.
Alors autant prendre les devants. Les professionnels de l’alimentation du tout-petit ont ainsi décidé de créer une norme Afnor avec un logo permettant de repérer les aliments appropriés aux moins de trois ans, ainsi qu’un site internet qui répond aux questions des parents sur l’alimentation de leur bébé: besoins nutritionnels, taille des portions, etc.
Fiabilité des informations
« Les outils numériques sont des réponses modernes et pertinentes à ce besoin de pédagogie et d’éducation, et on y souscrit totalement », assure Mme Chapalain.
« La réserve qu’on peut formuler sur la multiplication des applications, c’est qu’il faut être très vigilants sur la fiabilité des données sur lesquelles les applications mobiles se basent. Il faut avant tout se fonder sur des bases scientifiques et réglementaires. Or ce n’est pas forcément toujours le cas », ajoute-t-elle.
Aujourd’hui beaucoup d’applications se basent sur les travaux d’Open Food Facts, le Wikipedia de l’alimentation, mais « les informations n’ont pas forcément été fiabilisées », souligne Mme Chapalain.
L’Ania travaille donc avec les pouvoirs publics et les distributeurs sur « une super base de données numérique qui va rassembler l’ensemble des informations fiables pour les produits alimentaires en « open data » (données en accès libre) », indique-t-elle.
Selon l’Ania, « ce sera une source fiable avec des informations vérifiées et validées », à partir de laquelle « n’importe quelle application pourra développer comme elle l’entend des outils pour informer le consommateur ».